Commémoration et négationnisme

Le devoir de mémoire conserve tout son sens et n’a jamais semblé aussi impératif

Une manifestation pro-nazie (photo credit: REUTERS)
Une manifestation pro-nazie
(photo credit: REUTERS)
Le 27 janvier 1945, le camp d’extermination d’Auschwitz a été libéré. En 2005, 70 ans plus tard, l’Assemblée générale des Nations unies prenait – enfin ? – la décision de consacrer une journée annuelle à la commémoration de l’Holocauste, et a choisi cette date emblématique qui marque désormais la « Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste ». Depuis 2010, L’ONU donne un thème spécifique à cette commémoration. Cette année, le sujet retenu est Eduquer pour un avenir meilleur. L’UNESCO a prévu à cette occasion une série de manifestations où l’on évoquera le devoir de mémoire ; des survivants apporteront leur témoignage et l’on se séparera en répétant « Plus jamais ça ».
Il ne faut hélas pas croire que cette journée est unanimement observée. De fait, rares sont les pays où elle fait l’objet de manifestations officielles en dehors des cérémonies organisées par les communautés juives – quand il y en a. Les nations arabes, pour leur part, évoquent le plus souvent « le prétendu Holocauste » et ne s’attardent pas sur cet épisode qui, disent-ils, ne les concerne pas. D’autres font preuve d’un langage moins policé. En 2001, un journaliste égyptien n’a pas hésité à écrire : « Merci à feu Hitler pour avoir vengé les Palestiniens avant l’heure des criminels les plus haineux de la terre. Si nous avons quelque chose à lui reprocher, c’est que sa vengeance n’a pas été suffisante. » Un autre appellera même à « cloner Hitler. » En France, les tribunaux sont encore souvent sollicités pour sanctionner le négationnisme, pendant que des comiques douteux se permettent de fustiger « la pornographie mémorielle » que constitue à leurs yeux la commémoration de la Shoah.
Il convient de s’arrêter sur les déclarations pessimistes du nouveau secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. L’Holocauste, selon lui, n’a pas été seulement généré par la folie d’un groupe de nazis. Il a été « la culmination de deux millénaires de haine et de discrimination continues contre les juifs », a déclaré Antonio Guterres, ajoutant qu’il était préoccupé par « les nouvelles formes et expressions » de haine qui montrent bien que l’antisémitisme est plus vivace que jamais. A cet égard, le secrétaire général s’est engagé à dénoncer ce fléau et à en condamner tous les modes d’expression. Un engagement bien nécessaire au vu de la multiplication des « incidents » antisémites au cours de l’année écoulée. Selon le rapport du ministère israélien de la Diaspora rendu public cette semaine, ces derniers ont plus que doublé en Allemagne, passant de 194 en 2015 à 461 en 2016. L’Angleterre fait également état d’une hausse de ces actes de 62 %, tandis que les Etats Unis ont vu une véritable explosion de tweets antisémites. Sans compter les fausses alertes à la bombe qui ont perturbé de nombreuses institutions juives dans le monde ces dernières semaines.
Il y a plus de deux mille ans Thucydide écrivait déjà que l’histoire est un perpétuel recommencement.
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