Dictée de la francophonie en Israël

Solécismes, ronds-de-cuir, francité… Les amateurs de la langue de Molière en ont eu pour leur compte !

Dictée à l'Institut français (photo credit: LISE BECHOUR)
Dictée à l'Institut français
(photo credit: LISE BECHOUR)

Les francophones d’Israël ont pu participer, vendredi 14 mars, à la dictée de la francophonie sous la houlette de l’Institut français. Ce rendez-vous annuel est proposé dans le cadre du mois de la francophonie qui comprend de nombreuses autres manifestations : exposition, colloque, rencontres, concerts, cinéma, conférences, cours…

A Tel-Aviv, Olivier Rubinstein, directeur de l’Institut français, a ouvert la séance et rappelé tous les efforts déployés par le centre pour le rayonnement de la culture française. Il a insisté sur la richesse que représente l’appartenance à une double culture. Il a regretté la chute drastique du nombre d’élèves apprenant le français dans le système scolaire israélien, ce nombre étant passé en 10 ans de 40 000 à 19 000. Et ce phénomène risque encore de s’aggraver avec les nouvelles directives qui seront appliquées prochainement par le ministère de l’Education israélien.
Olivier Rubinstein a présenté le dispositif FLAM (Français Langue Maternelle) qui permet aux enfants français ou binationaux de conserver la pratique de leur langue maternelle et le lien avec la culture française dans un contexte extrascolaire d’associations soutenues financièrement, et selon une approche ludique de la langue. Actuellement 600 enfants bénéficient du projet FLAM dans l’Etat hébreu.
Afin d’accueillir un plus large public, l’Institut fait actuellement peau neuve : le rez-de-chaussée est en pleine rénovation et verra prochainement l’ouverture d’un café français et d’un bar à vins ! Sur le site de l’Institut, l’auditorium ne contient que 90 places. Les activités qui ont une large audience sont délocalisées, par exemple sur des campus universitaires afin d’accueillir plus de participants.
Le public regrette qu’Israël ne soit pas encore admis comme membre de l’Organisation internationale de la Francophonie, alors que 77 Etats en font partie, certains d’entre eux comptant beaucoup moins de francophones que l’Etat hébreu. Près de 500 000 francophones vivent en Israël, contre seulement 400 000 francophones au Canada…
Martine Manavella, attachée de coopération universitaire et linguistique, a rappelé combien le nouvel ambassadeur Patrick Maisonnave était attaché à la francophonie et a fermement l’intention d’œuvrer à son développement dans l’Etat juif.
Deux épreuves pour deux niveaux
Simultanément dans les Instituts français de Tel-Aviv, Beersheva et Haïfa, les adultes se sont prêtés au jeu de l’exercice traditionnel de la dictée. Les organisateurs ont tout fait pour créer une ambiance conviviale, malgré les pièges linguistiques et les difficultés de grammaire et de conjugaison. Ce week-end était propice à une atmosphère sympathique.
A Tel-Aviv, c’était plutôt festif. Pourim était fêté par anticipation (sur le trajet, on pouvait croiser un grand nombre de reines Esther, de Superman et de lapins), la Saint-Patrick était annoncée dans tous les bars. Et la pluie – tant attendue après de nombreuses semaines de sécheresse – s’est abattue sur la ville au point de retarder certains participants, que l’Institut a eu l’indulgence d’attendre pour démarrer la dictée. A la fin de l’épreuve, les candidats ont été récompensés par une surprise : un medley de chansons françaises – les grands classiques de Brel, Brassens, Aznavour, Moustaki – en karaoké animé par la talentueuse Deborah Benasouli.
Revenons-en à la dictée elle-même, cet exercice si typiquement français, patiemment énoncée par Martine Manavella : deux épreuves pour deux catégories de candidats.
La première concernait les personnes de langue maternelle non francophone. Elles ont dû plancher sur un texte original comprenant les mots : ambiancer, à tire-larigot, charivari, s’enlivrer, faribole, hurluberlu, ouf, timbré, tohu-bohu, zigzag.
Quant aux adultes de langue maternelle française (une quarantaine de candidats), Martine Manavella leur a promis un exercice plus difficile que l’an dernier. Le texte était un extrait humoristique des Chausse-trap(p)es de Serge-Jean Major. Les quinquagénaires, sexagénaires et septuagénaires auront apprécié le nom de l’auteur qui fleure bon les pupitres d’école d’autrefois ! La dictée comprenait un certain nombre de difficultés. Qui se souvient de l’orthographe de solécismes, ronds-de-cuir, francité, mésusage, sens de l’à-propos ? Mais le texte restait nettement plus facile que les dictées de Bernard Pivot. A la sortie de l’épreuve, un corrigé explicatif a été remis aux participants.
La remise des prix aura lieu vendredi 21 mars au Théâtre Arabe-Hébreu de Jaffa et jeudi 27 mars à Beersheva.