Histoire et esthétique

Si les transactions immobilières se font rares à Ein Kerem, les prix eux, continuent à grimper en flèche.

Ein Kerem home 521 (photo credit: Courtesy Anglo-Saxon Real Estate)
Ein Kerem home 521
(photo credit: Courtesy Anglo-Saxon Real Estate)
EinKerem est considéré comme un quartier haut de gamme à Jérusalem. Desiderata del’élite financière hiérosolomytaine : vert, classe, pourvu d’un réseau routierexcellent, accessible aussi bien depuis les grandes villes que les petitsvillages alentour ; le quartier est « pratique » pour ceux qui désirenttravailler à Tel-Aviv. Situé dans la partie sud-ouest de la capitale, plus de350 ménages ont jeté leur dévolu sur le village, qui compte également nombre demonastères, églises et institutions de charité chrétiennes. Au total, 2 000foyers vivent à Ein Kerem. Le passé de la zone est ancré dans l’histoire despères du christianisme. Atout non négligeable pour l’immobilier, qui vients’ajouter à la proximité de l’Université de médecine d’Hadassah, construite en1961 sur une colline alentour. 
Dans les livres de Néhémie et Jérémie
 Selon latradition chrétienne, c’est le lieu de naissance de Saint Jean-Baptiste. Onassocie notamment le site à la vie de la Vierge Marie : la source d’eau connuesous le nom de la « fontaine de Marie » serait le lieu de mort de Marie etd’Elisabeth. Dans l’Evangile selon Luc, Elisabeth était la mère de SaintJean-Baptiste et une cousine de Marie. Certains pèlerins catholiques etorthodoxes considèrent la source comme « sacrée ». Et remplissent leursbouteilles vides de l’eau pure. C’est au Baron Edmond de Rothschild qu’on doitla rénovation de la fontaine. Par la suite, de nombreuses institutions chrétiennesse sont installées sur les lieux : on ne compte plus les églises et monastères,plutôt nombreux pour la région. Ein Kerem est ainsi devenu un haut lieu depèlerinage pour les Chrétiens. Chaque année, près de 2 millions de visiteurssont de passage dans la vallée. Toutefois, l’histoire du quartier précède lanaissance du christianisme : on y résidait déjà avant l’ère biblique. Commec’était souvent le cas dans l’Antiquité, la source d’eau fraîche, élémentessentiel à toute forme de vie, attirait les premiers arrivants. De sorte quedepuis des millénaires, la zone est habitée en permanence. Les archéologues yont découvert des poteries provenant de l’âge de bronze. La Bible elle-mêmementionne Ein Kerem dans les livres de Néhémie et Jérémie. Au cours de fouillesdans la région, les chercheurs ont déterré une statue de marbre d’Aphroditebrisée en deux, datant de l’Empire romain en Judée. Selon les historiens, ellea dû être victime de fanatiques chrétiens lorsque l’empire byzantin régnait surla région. La statue se trouve aujourd’hui au musée Rockfeller. Ein Kerem resteun village important sous les conquêtes arabes du 7e siècle. Les Croisés, pourleur part, renomment la zone « Saint Jehan de bois ». Un recensement fonciereffectué après la conquête de la Palestine par l’Empire ottoman, à la fin du16e siècle, révèle l’existence de quelque 29 familles, toutes musulmanes,habitant les lieux. En 1931, selon le recensement britannique de l’époque, levillage compte une population de 2 637 personnes, devenues 3 180 résidents en1945. 
Des conquêtes arabes à la ville tendance
 En 1948, le village se videcomplètement de sa population. Pendant la guerre d’Indépendance, Ein Kerem estune base pour la guérilla arabe, qui attaquait les convois d’eau et denourriture en route vers Jérusalem. Après la conquête israélienne, leshabitants fuient la zone, en attendant le départ des « sionistes ». A la findes hostilités, le village est incorporé aux frontières de Jérusalem. Ein Keremest l’un des rares villages qui a perdu sa population mais a gardé sonarchitecture quasi-intacte après la guerre. Des nouveaux immigrants aux moyenslimités vont alors repeupler les maisons abandonnées. Au fil des années, lestenants de l’art de la capitale redécouvrent Ein Kerem et rachètent les vieillesdemeures, dont les propriétaires veulent se débarrasser. A cette époque, dansles années 1970 et 80, le quartier est en arrière-plan du marché immobilier.Plus tard, les hiérosolomytains affluents commencent à acheter, animés debonnes raisons : Ein Kerem est un village prospère, où les bâtisses sontgrandes et spacieuses, aux murs épais et aux plafonds arqués. Ces demeuresseront restaurées avec minutie et force dépenses et transformées en palacesrésidentiels. Pour autant, Janet Amitai, propriétaire et directrice de Re/Max,Agam immobilier, qui s’occupe du quartier, raconte que les transactions se fontrares. Les propriétaires défendent leurs biens. « La moindre annonce sur lemarché est bouclée en un tour de main, bien que les prix soient très élevés.Une maison familiale peut coûter jusqu’à 6 millions de shekels. Certaines deces maisons ont été découpées en plusieurs appartements, ce qui les rend plusaccessibles », explique-t-elle. Or pour une demeure de 6 millions de shekels,l’acquéreur voudra la rendre à son goût, ce qui entraînera des dépenses encoreplus importantes, même si la plupart des biens ont déjà été rénovés. Touterénovation entraîne des dépenses qui coûtent très cher. Les autorités urbainesempêchent souvent de modifier la façade des immeubles et délivrentdifficilement des permis. Et même refaire l’intérieur n’est pas non plus aisé.