Le printemps est arrivé à Binyamin

Souvent méconnue, la région regorge pourtant de trésors naturels et historiques

binyamin (photo credit: Reuters)
binyamin
(photo credit: Reuters)

Au sortir de l’un des hivers israéliens les plus pluvieux,les collines au pied de Modiin verdoient, irradiées de légères touches decouleurs. A moins d’une heure de route de Tel- Aviv, la région de Binyamin, enJudée et Samarie, est méconnue de la plupart des Israéliens. Pourtant, elle est riche d’histoire moderne et ancienne.

Berceau de l’Ancien Testament, on pense, en s’y promenant, aux prophètes Samuelet Deborah, au livre des Juges, aux récits des Maccabées de Hanoukka etd’autres encore.
Plus récemment, l’une des plus féroces batailles de la guerre d’Indépendances’est tenue ici. Facile à comprendre : les collines de la région lèchent laplaine de Tel-Aviv et ses alentours, où réside près de 80 % de la populationisraélienne. Un coup d’oeil sur le panorama depuis l’implantation de Talmonpermet de comprendre l’enjeu stratégique de la zone : par beau temps, la vues’étend jusqu’à la mer Méditerranée à l’ouest, et au nord, le mont Guerizim desfaubourgs de Naplouse, est clairement visible, ainsi que les communautés deYitzhar et Har Bracha. En prenant à l’Est au carrefour de Shilat, sur la route446, on traverse rapidement une zone industrielle et commerciale plutôtinesthétique, pour franchir la Ligne verte et commencer l’ascension vers lescollines de Samarie. La zone allouée par Moïse à la tribu de Benjamin.
En prenant à droite, via la 463, en direction de Talmon, la route slalome entrevillages arabes et juifs. Contrairement à certains clichés, toutes les implantations de Judée et Samariene sont pas orthodoxes. Nili et Naaleh, par exemple, sont des avant-posteslaïcs aux fauxairs d’une banlieue de Raanana ou Rehovot.
Pour les amateurs d’excursions, la région est une mine de pistes méconnues, decours d’eau et de paysages époustouflants.
La plupart des sentiers sont praticables pour les enfants en bas âge. Les plusconnus sont sans doute la colline du vignoble et la source de Talmon, dans lequartier Talmon B. Ce dernier comprend une piste de randonnée facile pour lespetits, mais tout aussi intéressante pour les grands.

Pour un pique-nique dans les bois

La partie du parcours vers la colline duvignoble commence sur un parking exigu et sale, à proximité de la routeprincipale de Talmon et continue jusqu’à une ancienne presse d’olives, unvestige que l’on retrouve souvent au cours d’excursions en Israël. Bien plusintéressant : le réseau souterrain de caves et de tunnels, utilisé par lesanciennes communautés pour protéger vins, huiles et autres liquides deschaleurs estivales.

On peut descendre dans les caves grâce à des échelles, accessibles même pourles plus jeunes. La cavité la plus profonde se situe à pas moins de 3 mètressous le sol ! Une fois descendus, la visite se poursuit, éclairée à la torche.Une trentaine de tunnels environ attendent d’être découverts, de quoi se sentirexplorateur tout en ne perdant pas le nord.
Selon Chézy Bezalel, guide local et membre de Mishkefet, une association quioeuvre à la promotion des sentiers de traverse de Judée et Samarie auxIsraéliens, les caves, orientées au nord, se maintiennent constamment à unetempérature comprise entre 16 et 18 degrés, même en été. Leur présence témoigned’une grosse production de liquides de la part des anciens villageois,probablement destinés aux commerces. Elles pouvaient également faire office decachette.
“On a toute raison de penser que les Juifs se sont en premier lieu installésici, après avoir conquis la terre sous l’impulsion de Yehoshoua”, expliqueBezalel. “Nous n’avons pas daté les objets retrouvés au-delà de l’époque cananéenne,mais beaucoup de plats de terre cuite appartiennent clairement au second Age deBronze. Et cette céramique peut laisser présumer d’une présence juive”.
Sur le chemin du retour vers le parking, faites attention aux empreintes nonhumaines : elles peuvent signaler un sanglier. Si vous en rencontrez un, restezimmobile, il sera bien plus effrayé que vous ! Le sentier d’excursion continuede l’autre côté de la route à travers le wadi, jusqu’au lac de Talmon, unbassin naturel irrigué toute l’année. Comme la partie haute de la balade, letemps de marchesera assez court pour un adulte - 20 minutes - mais un peu plus long pour unenfant. Le chemin de retour vers le parking est des plus aisés.
En continuant en voiture depuis la colline du vignoble (la route 450 devientalors la 465), on arrive à la forêt de Neveh Tzouf, située entre l’implantationdu même nom et Ateret. Jouxtant une ancienne base de cavalerie anglaise, larégion est devenue un parc national en 1920 sous le mandat britannique. Etconstituait alors un lieu de détente pour les soldats et leurs familles, unehabitude reprise par les Israéliens depuis la guerre des Six- Jours.
La forêt reste peu connue du grand public, ce qui en fait l’un des raresendroits ou l’on peut pique-niquer à l’occasion de Yom Haatsmaout sans avoir àréserver son carré de pelouse depuis 6 heures du matin.