Lee Korzits tient le haut de la vague

La jeune planchiste israélienne de 27 ans élue sportive de l’année par le Jerusalem Post

korzit (photo credit: Adi Avishai)
korzit
(photo credit: Adi Avishai)
Les premières fois sont toujours spéciales : le premier baiser, la première voiture, la première médaille d’or. Mais le diction semble être inversé chez Lee Korzits : plus jeune championne du monde de planche à voile en 2003, alors qu’elle n’a que 19 ans, son come-back au sommet début décembre est encore plus impressionnant.
Car l’histoire de Korzits ne se limite pas à des heures de maniement d’une planche au milieu de vagues. La véliplanchiste revient de très loin : de deux expériences de mort imminente plus précisément. Pourtant, aujourd’hui, elle transcende sa discipline et le sport en général, avec un nouveau titre mondial, le 11 décembre dernier. Ce qui fait de sa victoire dans la catégorie personnalité sportive israélienne de l’année du Jerusalem Post une quasi-évidence.
“C’est génial,” s’enthousiasme Korzits à la nouvelle des résultats. “Je suis vraiment fière. Je suis heureuse de pouvoir représenter le pays. Israël compte beaucoup pour moi. Et le soutien du public est très important. Cela donne un énorme surplus d’énergie.”
Korzits finit donc en beauté une année 2011 qui l’a vue sortir des oubliettes pour devenir le meilleur espoir de médaille d’or d’Israël aux prochains Jeux olympiques à Londres, cet été.
“Je n’arrive toujours pas à croire que je suis à nouveau championne du monde,” s’émerveille une Korzits tout sourire. “Je m’étais fait à l’idée de me présenter comme une ancienne tête de liste après une grave blessure et une série de revers personnels. Quelque part, j’avais déjà abandonné.”
Mais à 27 ans les efforts étaient suffisamment grands pour être payés à nouveau d’une médaille d’or. Et les succès 2011 ne se sont pas limités à cette seule victoire lors des mondiaux de planche à voile RS:X à Perth, en Australie, début décembre : Korzits avait déjà décroché la médaille d’argent aux championnats d’Europe à Burgas, en Bulgarie, en septembre dernier.
Une séance photo qui aurait pu être fatale
Son parcours est donc particulièrement remarquable : il y a deux ans les médecins lui prédisaient qu’elle ne marcherait peutêtre plus jamais. Et l’année dernière, elle passait à moins de trente secondes de la mort par noyade.
Comme souvent, les succès extraordinaires à l’adolescence ont fini par peser sur Korzits, qui s’est lassée des entraînements ardus répétés ad nauseam. Se contentant d’une modeste 13e place aux JO d’Athènes en 2004, la native de Mikhmoret entamait alors sa traversée du désert : 18e aux championnats d’Europe et 49e aux mondiaux en 2007 après le changement de planche du modèle Mistral au RS:X Neil Pryde.
Puis en 2008, elle n’est même pas choisie pour représenter Israël à Pékin, le comité lui préférant Ma’ayan Davidovich. Korzits décide alors de faire une pause.
En séjour prolongé chez une amie à Hawaii, elle rejoint la tournée de la Professional Windsurfers Association et participe à des galas “surf de l’extrême” aux Canaries. Elle gagne sa vie en vendant des produits de la mer Morte et en faisant du jardinage. Sans amertume pour autant, à l’en croire, Korzits profitait de chaque instant de cette époque, jusqu’à ce que sa vie bascule, le 1er avril 2009.
Ce jour-là, elle participe à une séance photos pour un de ses sponsors. Elle est à l’eau, quand un autre planchiste lui rentre dans le dos, lui brisant deux côtes.
Pouvant à peine respirer, Korzits est emportée par une lame qui la jette contre les rochers, lui cassant une jambe. Elle passe les deux jours suivants sous soins intensifs et sous sédatifs. Les médecins craignent alors la paralysie.
La suite est un morceau de bravoure : elle réagit en refusant de prendre de la morphine et après deux jours de torture, elle finit par pouvoir sortir du lit, premier pas d’une longue série qui marqueront son come-back.
“A l’hôpital je n’arrêtais pas de me demander pourquoi est-ce que je n’appréciais pas ce que j’avais dans le sport ? Pourquoi est-ce que je refusais de donner toute sa place à mon talent ? Penser à tout ce dont j’avais besoin pour gagner m’a donné beaucoup de force. C’est peut-être cliché mais vous ne commencez à apprécier quelque chose que quand vous ne l’avez plus, quand cela vous semble inaccessible.”
Tiens bon la barre et tiens bon le vent
Après un an exécrable de réhabilitation, Korzits retourne à la compétition professionnelle en mai 2010, terminant la Delta Lloyd Regatta de Medemblik, Pays-Bas, à une honorable 14e place. Mais la série noire ne semble pas arriver à terme. Et l’histoire, tristement, se répète : nouvelle collision avec un planchiste américain, deux mois plus tard à peine, lors des championnats d’Europe. Korzits se retrouve alors coincée sous l’eau par sa planche. Elle perd conscience. Un entraîneur français présent sur les lieux finit par plonger à son secours, la ranimant peu de temps avant que des dommages irréversibles ne se produisent.
“C’était vraiment effrayant, mais surtout agaçant,” se rappelle la jeune femme. “Tout ce qui m’arrivait sans que je comprenne pourquoi. Mais avec du recul, je me dis qu’il fallait peut-être que cela se produise pour que quelque chose de bon en sorte. Cela fait partie d’un processus. Maintenant je suis beaucoup plus forte et beaucoup plus intelligente.”