Purimshpiel, 1946

Le lien entre Pourim, un nazi condamné à mort et la menace nucléaire iranienne

purimshpiel (photo credit: © DR)
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Quelque chose d’inattendu s’est passé lors de l’exécution de Julius Streicher, un des nazis condamnés à mort au procès de Nuremberg.
Quelques instants avant sa pendaison, le 16 octobre 1946 à l’aube, Newsweek rapportait : “Il a fixé les témoins devant la potence et crié ‘Fête de Pourim, 1946’.” Que voulait dire Streicher ? Comment diable un nazi condamné à mort peut-il faire allusion à Pourim dans ses derniers instants ? Streicher connaissait manifestement la Meguilat Esther, qui relate le génocide du peuple juif planifié par Haman, et sa pendaison avec ses dix fils après que ses plans furent contrecarrés et réduits à néant.
Streicher était tout à fait conscient de l’ironie de l’histoire - il était l’un des dix nazis pendus après avoir été condamnés au procès de Nuremberg. (En fait, 11 ont été condamnés à mort, mais Hermann Goering s’est suicidé avant l’exécution de sa peine.) Dix nazis ont donc été pendus, tout comme les dix fils de Haman dans le Livre d’Esther.
Bizarrement, Streicher a perçu le lien historique entre le génocide nazi et le plan de Haman, qui, comme les nazis, voulait exterminer tous les Juifs, hommes, femmes et enfants.
Mais il existe une ironie encore plus profonde, qui a certainement échappé à Streicher. La Meguilat Esther répertorie les noms des dix fils de Haman et selon la Halakha, trois des lettres de ces noms sont inscrits en plus petits caractères que le reste du texte - un tav, un shin et un zayin - et une lettre est écrite en plus gros caractère - un vav. Que signifie la taille inhabituelle de ces lettres ? Au fil des générations, différentes explications ont été proposées. Au 20e siècle, cependant, une autre interprétation, étonnante, a été apportée. Le grand vav a une valeur numérique de 6, correspondant au sixième millénaire, le petit tav, le shin et zayin valent 707 ; ensemble, ces chiffres se réfèrent à la 707e année du sixième millénaire - en d’autres termes, l’année juive 5707, qui correspond à 1946, l’année où ces dix nazis de haut rang furent pendus. Ainsi, les lettres de taille inhabituelle - vav, tav, shin et zayin - qui se trouvent dans les noms des dix fils de Haman font allusion à l’année de l’exécution de ces dix criminels de guerre allemands.
Plus fascinant encore, ils ont été condamnés le 1er octobre, dans les jours qui séparent Rosh Hashana et Yom Kippour de l’année 1946, et pendus le 16 octobre, qui tombait cette année-là à Hoshana Rabba, jour où, selon le Zohar, le jugement du monde est scellé.
La Reine Esther, une des grandes héroïnes de l’histoire juive
La Torah étant le produit de la sagesse divine sempiternelle, certains des éléments qu’elle renferme ne peuvent être correctement compris que des générations plus tard.
Qu’est-ce que tout cela signifie ? La réponse provient de l’une des grandes héroïnes de l’histoire juive, la reine Esther. Au péril de sa vie, avec courage, foi et loyauté, elle est intervenue pour sauver son peuple. Par son parcours audacieux et spectaculaire, la reine Esther nous a montré que la Présence divine imprègne notre histoire. Elle a compris que son sort et son destin - et ceux de son peuple - étaient entre les mains de Dieu.
Esther nous a appris que, parfois, Dieu interagit avec le monde en faisant des miracles révélés, comme les dix plaies et le partage de la mer Rouge pendant l’exode d’Egypte. Mais la plupart du temps, Il le fait de manière cachée, comme cela s’est produit à Pourim, lorsque le salut miraculeux du peuple juif était tout aussi grand que les miracles dévoilés, même s’il s’est opéré de manière cachée et en apparence “naturelle”.
La Guemara (Houlin 139b) précise que le nom “Esther” vient de la racine hébraïque “cacher” et se réfère au verset où Dieu dit : “Ce jour-là, Je cacherai ma face de vous” (Deutéronome 31, 18).
Comme nous le savons, le nom de Dieu n’est pas mentionné une seule fois dans tout le Livre d’Esther, et pourtant l’Eternel est omniprésent. A Pourim, nous célébrons une intervention directe de Dieu dans l’histoire, quoique dissimulée derrière les machinations politiques et les affaires mondiales.
Le message de la reine Esther est le suivant : nous ne devons pas percevoir ces événements en termes naturels, mais voir la présence divine dans toute chose, même si elle n’est pas évidente. Un message qui s’adresse à nous en tant qu’individus, dans notre vie quotidienne, car, comme le judaïsme l’enseigne, Dieu est impliqué dans tous les aspects de la vie. Mais qui s’applique également au destin et à l’histoire juive dans son ensemble, qui démontrent l’implication de Dieu dans l’évolution des civilisations.
L’évidence de la présence divine
Les miracles de la création de l’Etat d’Israël et la renaissance de l’étude de la Torah à travers le monde suite au ravage de la Shoah ne sont que deux exemples parmi d’autres de la puissance et la présence divines dans chaque élément de notre vie.
Ainsi, dans les menaces auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui, nous pouvons sentir l’implication de Dieu. Au moment de son exécution, Julius Streicher a vu avec clarté le lien entre le génocide nazi et la tentative de génocide de Haman. Et aujourd’hui, dans le pays même où Haman a vécu et dans lequel les événements du Livre d’Esther se sont déroulés - la Perse - l’Iran actuelle, les nouveaux Hamans, les nouveaux nazis, proclament leurs intentions de génocide contre le peuple juif.
Cette ironie de l’histoire est si étrange et troublante qu’elle ne fait que montrer clairement la Présence divine dans ces événements qui touchent le peuple juif et le monde en général.
Notre réponse à cette dernière déclaration d’intention de nous rayer de la carte en provenance de la Perse moderne doit être dans l’esprit de notre grande dirigeante et prophétesse, la reine Esther. Suivons son exemple.
Esther a mis en oeuvre un plan d’action concret qui a été exécuté politiquement et stratégiquement, mais aussi un plan spirituel lorsqu’elle a enjoint Mordechaï de rassembler le peuple pour qu’il se repentisse, prie et jeûne. Elle a senti que Dieu était à ses côtés dans tous ces événements, et nous devrions l’imiter.
En ce temps de grave danger, nous devons suivre l’exemple d’Esther : nous préparer pratiquement et stratégiquement, mais aussi spirituellement - sous forme de prière et de repentance. Puisse Dieu de nouveau bénir son peuple et le libérer afin que nous puissions Lui rendre grâce, comme nous le disons dans nos prières de Pourim, “pour les miracles, la rédemption, les haut-faits, les actes salvateurs, les merveilles, les consolations et les batailles que Tu as menées pour nos pères en ces jours et en ce temps.”
L’auteur est le grand rabbin d’Afrique du Sud.