Attentat à la bombe au Liban : qui accuse qui ?

La mort d’un chef de la Sécurité libanaise, Wissam el-Hassan, ravive les tensions internes, entre “pro” et “contre” el-Assad.

2410JFR08 521 (photo credit: Hasan Shaaban/Reuters)
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(photo credit: Hasan Shaaban/Reuters)
Après le fameux “Dégage”, voici “Va-t’en Najib”.
Dimanche 21 octobre, sur la place des Martyrs de Beyrouth, les funérailles du général Wissam el-Hassan ont dégénéré en manifestation antigouvernementale. Le message était clair : en réaction à l’assassinat d’El-Hassan, la foule a réclamé la démission du Premier ministre libanais, Najib Mikati.
Wissam el-Hassan, 47 ans, tué dans l’explosion d’une voiture piégée le 19 octobre, dirigeait la section des renseignements des forces de sécurité intérieure du Liban (FSI).
Hassan oeuvrait pour découvrir les responsables d’attentats perpétrés entre 2005 et 2008, à l’encontre de personnalités politiques hostiles à Damas. Parmi elles, figure l’ex-Premier ministre Rafic Hariri. En août 2012, le FSI avait permis l’inculpation d’un ancien ministre pro-Assad, Michel Samaha.
Les leaders de l’opposition libanaise jugent la Syrie responsable de l’assassinat d’El-Hassan. Interrogé par la chaîne Future TV, l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, fils de Rafic, accuse nommément Bachar el-Assad d’avoir commandité l’attentat. De son côté, après l’explosion, Najib Mikati a aussitôt affirmé que les autorités s’efforceraient de retrouver ses auteurs et de les condamner sévèrement. Une déclaration insuffisante aux yeux de l’opposition. “Le maintien de ce gouvernement apporte protection et couverture aux criminels à l’origine de ce complot”, a affirmé Ahmad Hariri, responsable du Courant du futur de Saad Hariri.
Le Conseil national syrien, principale coalition de l’opposition syrienne en exil, a condamné l’attaque, tout comme Damas et son allié libanais, le Hezbollah. Malgré tout, les accusations se sont maintenues et Najib Mikati, jugé trop proche du président syrien et du Hezbollah, a été sommé de se retirer. Sa réponse, samedi 20 octobre : il choisit de rester à son poste dans “l’intérêt national”, afin d’éviter “le vide politique” qui pourrait plonger le pays échaudé dans le chaos.
Ce dimanche 21 octobre, il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres. Devant la foule, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora est catégorique : “Aucune discussion avant le départ du gouvernement, aucun dialogue par-dessus le sang de nos martyrs”. Le rassemblement a ensuite viré au rouge : les manifestants ont tenté de prendre d’assaut les bureaux du Premier ministre, bombardant soldats et policiers de projectiles divers. En retour, coups de feu tirés en l’air et gaz lacrymogène ont dispersé la foule.
Saad Hariri a aussitôt appelé ses troupes au calme : “Nous voulons la paix, le gouvernement doit tomber, mais nous voulons que cela se produise de manière pacifique. Je demande à tous ceux qui sont dans les rues de se retirer.” En ravivant les divisions entre partisans et opposants du régime syrien au Liban, le décès brutal du général El-Hassan a engendré un véritable séisme politique. Cette explosion est la première dans la région depuis janvier 2008, faisant craindre une reprise d’attentats en série.
Si la responsabilité de cet attentat a été imputée en majorité au président syrien, les alliés de Bachar el-Assad ne sont pas en reste. Les accusations fusent, notamment du côté de l’Iran envers le gouvernement israélien : “Cette action a été perpétrée dans l’intention de semer la discorde parmi les différents segments de la population libanaise. Elle a été menée par ceux qui n’ont jamais pris en considération les intérêts du pays : je veux parler du régime sioniste, uniquement préoccupé de ses propres profits, mû par des ambitions impures.”
Ces attaques, prononcées sans preuve par le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, ont été qualifiées par son homologue israélien, Yigal Palmor, de “pathétiques et pathologiques”. Avec ironie, Palmor conclut : “Après nous avoir accusés d’être à l’origine du mauvais temps dans leur pays, on peut librement penser que, désormais, quoi qu’il arrive, les Iraniens nous tiendront automatiquement pour responsables de tout ce qui se produit dans la région.” 
Résultats mitigés des élections locales palestiniennes 
Boycotté par le Hamas, le scrutin souligne la baisse du Fatah 
KHALED ABU TOAMEH
Première élection locale pour les Palestiniens de Judée et Samarie depuis 2005, samedi 20 octobre. Selon le président de la commission électorale centrale, Hanna Nasser, le taux de participation a été de 54, 8 %, ce qui représente 277 000 électeurs sur les 505 600 inscrits. Et d’ajouter : “Le scrutin s’est très bien passé”. Les bureaux de vote ont fermé à 19 heures. Les résultats définitifs devaient être publiés mardi 23.
Près de 4 700 candidats se sont présentés aux élections, dont 25 % de femmes. Le vote a néanmoins été boycotté par le Hamas et n’a eu lieu que dans 92 municipalités sur les 353 existantes en Judée et Samarie. Dans les autres communes, les candidats ont été désignés par des acclamations.
Parfois, une seule et unique personne s’était présentée, rendant le vote nul.
Le boycott du Hamas a laissé le Fatah face à plusieurs organisations indépendantes : le Front populaire pour la libération de la Palestine, le Front démocratique pour la libération de la Palestine et l’Union démocratique palestinienne.
Certains des candidats indépendants étaient des dissidents du Fatah, détachés de la faction. Le plus connu d’entre eux est Ghassan Shakaa, un ancien maire de Naplouse qui a fait enrager le Fatah en se présentant à la tête d’une liste alternative. L’élu appartient à un large clan de la ville et il a livré bataille contre un candidat officiel du Fatah, en dépit des tentatives de Ramallah pour l’en empêcher.
Le Fatah avait perdu face devant le Hamas en 2006 lors des élections parlementaires, en partie parce que nombre de ses membres avaient choisi de se présenter de façon indépendante. Cette fois-ci, les premiers résultats non officiels, dimanche, indiquaient une victoire du Fatah à Kalkilya, Jéricho, Toulkarem, Salfit et Al Birah, mais une défaite à Naplouse, Ramallah et Djénine, selon le journal britannique The Telegraph.
Alors que le chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a exprimé l’espoir de voir des élections se tenir bientôt dans la bande de Gaza et s’est félicité de ce “processus démocratique”, le Hamas a refusé de reconnaître les résultats du scrutin. “Nous avons pu observer la détention des fidèles du Hamas et leurs interrogatoires jusqu’à il y a moins d’un mois. Certaines des gardes à vue se focalisaient sur les élections et voulaient dissuader les électeurs d’y participer. C’est pourquoi nous ne tenons pas ce scrutin pour l’expression légitime de la volonté du peuple palestinien”, a déclaré Abdour Rahman Zaydan, ministre du Travail dans le gouvernement de Gaza, toujours selon The Telegraph.