La "French connection"

sarkozy (photo credit: Reuters)
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(photo credit: Reuters)
Après avoir traité Binyamin Netanyahou de “menteur” pour ne pas lui avoir rendu hommage lors de la libération de Guilad Schalit, le président français Nicolas Sarkozy est passé à l’étape supérieure. Et d’exiger, pour la seconde phase de l’accord Schalit, la libération d’un terroriste sous prétexte qu’il possède un passeport français (en plus de la carte d’identité israélienne des résidents arabes de Jérusalem-Est).
Salah Hassan Hamouri, membre du Front populaire de Libération de la Palestine (FPLP), avait été condamné en 2005 pour avoir projeté l’assassinat de l’ancien Grand Rabbin d’Israël et leader spirituel du Shass, le Rav Ovadia Yossef. Il devait être libéré prochainement, mais Sarkozy, apparemment à la recherche d’un succès diplomatique, a tout fait pour qu’il fasse partie des 550 détenus relâchés le 18 décembre par Israël. Jusqu’à envoyer son ambassadeur en Israël, Christophe Bigot, chercher le soutien du Rav Yossef.
Une initiative sûrement guidée par des motifs autres qu’une quête zélée de justice : à quelques mois des élections présidentielles, le président français cherche à gagner en popularité auprès d’une communauté musulmane au poids grandissant.
“Capacité de réhabilitation” Pour la diplomatie française, cependant, Hamouri est “capable de réhabilitation”. Ce qui laisse en suspens la question de savoir d’où elle tient une affirmation aussi déterminée.
Hamouri était à la tête du FPLP de Jérusalem lors de son arrestation le 13 mars 2005. De ses propres aveux et de ceux de ses comparses, Moussa Darwish et Muhammed al-Sheikh, il avait échafaudé plusieurs projets d’assassinat dont celui d’Ovadia Yossef.
Darwish connaissait en effet bien le quartier Har Nof de la capitale où vit l’ancien grand rabbin sépharade d’Israël, ayant travaillé dans une épicerie à proximité.
Les trois hommes avaient mené des reconnaissances dans les rues avoisinantes à plusieurs reprises. Hamouri devait passer en moto et tirer au M-16 sur le rabbin au moment où ce dernier entrait dans son immeuble. Les deux complices devaient alors y pénétrer à la grenade et à la Kalashnikov. Après une négociation de plaidoyer, Hamouri a été condamné à sept ans d’enfermement.
L’équivalence morale réalisée par Sarkozy entre Schalit et Hamouri mine l’autorité du processus judiciaire israélien : son intrusion est non seulement impertinente mais constitue une grossière distorsion.
La simple comparaison entre un soldat sans reproche réalisant son service militaire pour un pays au sein de ses propres frontières et un terroriste actif membre des organisations parmi les plus extrémistes est fausse et offensante.
Mais l’analogie de Sarkozy a des prolongements : la juxtaposition entre le kidnapping d’un otage innocent pour rançon et la condamnation légale d’un accusé à qui est accordé le droit à un procès équitable est un affront non seulement à tous les Israéliens mais à tous les amoureux de la liberté.
Pourtant, l’insulte la plus grave concerne le système judiciaire et légal israélien, comparé à un régime terroriste qui se maintient au pouvoir par la force.
A lire Sarkozy entre les lignes, on comprend que l’incarcération de Hamouri est quelque part illégale et que Netanyahou, comme n’importe quel autocrate du tiers-monde, a le pouvoir de faire changer les choses, tout comme feu Kim-Jong-il pouvait faire sortir de temps à autre des étrangers des geôles nord-coréennes.
Par ailleurs, cette demande implique que les citoyens français sont au-dessus de la loi à l’étranger. D’où le refus français d’extrader les deux touristes français ayant renversé Lee Zeitouni à Tel-Aviv le 16 septembre dernier. Fuyant les lieux de l’accident, ils ont pris le premier avion pour Paris où ils vivent sans être inquiétés.
Le gouvernement français ne supporte donc apparemment pas l’idée d’avoir ses citoyens jugés à l’étranger quelle que soit la gravité des faits et la quantité de preuves. C’est inconscient et inacceptable, en cela que ça présuppose la supériorité ou l’immunité des Français.
Alors maintenant que Hamouri a quitté sa cellule israélienne, il serait temps qu’il soit remplacé par les tueurs de Zeitouni.