A vos pancartes, citoyens !

La Knesset s’est tiré une balle dans le pied en refusant que tous les citoyens remplissent leur devoir envers l’Etat.

2410JFR10 521 (photo credit: Reuters)
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Il y a quelques mois, le parlement israélien procédait à un vote inédit dans l’histoire du pays.
Pour la première fois en 64 ans, une loi voulait rendre tous les Israéliens - tous, indépendamment de leur origine - égaux face à leur contribution à l’Etat et à la société israélienne.
Beaucoup espéraient qu’une importante majorité entérinerait ce projet de loi historique, et pour cause, les sondages indiquaient qu’une part écrasante de la population ainsi que tous les dirigeants des grands partis, à en croire leurs multiples déclarations, étaient extrêmement favorables à cette belle initiative. Et pourtant, seuls les 15 députés d’Israël Beiteinou et une poignée d’autres ont levé la main au moment de vérité.
Après 64 ans, il s’agissait d’une décision historique, non seulement parce qu’elle aurait changé une politique de longue haleine jugée par la Cour suprême discriminatoire et anticonstitutionnelle, mais aussi parce que qui sait quand une telle opportunité de modifier notre système déficient se représentera.
Selon toutes les indications, si l’on comptabilise la totalité des enfants entrés au cours primaire cette année, eh bien, la majorité d’entre eux n’effectuera pas son service militaire ou national. Cela signifie que dans 12 ans, quand ces enfants auront le bac et seront en âge d’être enrôlés, la moitié de la population devra s’attendre à assumer un poids plus lourd sur les épaules. Elle devra à elle seule défendre le pays, travailler et payer des impôts pour stimuler l’économie.
Moins nombreux sont ceux qui servent sous les drapeaux, plus lourd est le fardeau pour les autres.
Car dans 12 ans, nos frontières auront toujours besoin d’être défendues. Les possibilités d’un changement réel sont limitées, c’est pourquoi le manque d’enthousiasme devant le projet de loi, voté en juillet, est d’autant plus exaspérant et incompréhensible.
Il ne s’agit pas de partir en croisade contre un groupe de citoyens israéliens en particulier, mais de pointer du doigt une vraie division au sein de la société i s r a é l i e n n e .
Division qui ne se base pas sur des critères religieux, communautaires, ou ethniques, mais fait la différence entre ceux qui contribuent à la société et les autres. Dans toute communauté, il y a ceux qui servent et les assistés.
Tous les citoyens israéliens devraient être traités de manière égale. Tout comme les titulaires d’une carte d’identité bleue bénéficient des mêmes droits et avantages, nous devrions tous avoir les mêmes obligations. Notre citoyenneté est ce qui nous unit. Nous devons être jugés d’après la couleur de notre carte d’identité et non par la couleur de notre peau ou la forme de notre couvre-chef.
Ceux qui contribuent davantage devraient recevoir plus, et inversement.
Raviver le contrat social 
Dans la plupart des pays, un contrat social tacite est en vigueur, respecté entre les citoyens et leur Etat, qui va exactement en ce sens. Mais en Israël, certains profitent pleinement de l’Etat sans rien donner en retour. C’est de toute évidence une situation intenable qui, si laissée comme telle, mettra en péril les beaux accomplissements de ce pays, tant au niveau économique, social que sécuritaire.
Malheureusement, c’est ce qui nous pend au nez, si nous ne réagissons pas au plus vite.
Il faut inverser les tendances.
A l’heure actuelle, on peut se demander pourquoi tant s’échiner à donner pour le pays, puisque ceux qui ne le font pas continuent de recevoir les mêmes rétributions, parfois même plus importantes, que les autres. Ce système, qui a duré 64 années de trop, stimule la non-productivité et l’assistanat.
Si les prestations étaient allouées en fonction de la contribution, naturellement, plus grande serait la contribution. Il faut donner la priorité au logement, offrir une é d u c a t i o n gratuite ou moins chère à partir d’un âge précoce, proposer des bourses pour une formation universitaire et des avantages sociaux à ceux qui contribuent.
Et ce, afin de motiver les autres, qui verront alors que l’on récolte des fruits quand on fait plus.
L’Etat a rompu son contrat social avec ceux qui remplissent toutes leurs obligations envers la société. Cela a démoralisé beaucoup d’Israéliens, qui sont descendus dans les rues pour appeler à une société juste et équitable, et exiger une charge nationale égale pour tous les citoyens.
L’Etat a des devoirs envers le peuple, et le peuple a des devoirs envers l’Etat. C’est la base de la citoyenneté. Gérer d’autres questions revient à traiter les symptômes et non la maladie.
C’est sur ce sujet que le discours électoral doit porter. Nous devons nous préoccuper de notre avenir et de celui de nos enfants et prendre des décisions vitales aujourd’hui.
Comme l’ancien président américain Théodore Roosevelt, fier défenseur de l’égalité, l’a déclaré : “La première condition d’un bon citoyen... c’est qu’il doit être capable et désireux de tirer son propre poids.”
Notre carte d’identité bleue est notre certificat de citoyenneté israélienne. Elle devrait également être un fier rappel de ce que cela signifie d’être israélien et de notre dur labeur pour en arriver là. L’auteure est un membre de la Knesset et secrétaire générale d’Israël Beiteinou.