Capitale ultra-orthodoxe

Bnei Brak est incontestablement le centre ultra-orthodoxe du pays.

2410JFR23 521 (photo credit: Albatross)
2410JFR23 521
(photo credit: Albatross)
Certes, à Jérusalem les haredim sont plus nombreux, mais la capitale du pays compte également de vastes quartiers d’habitants laïcs ou issus du courant national-religieux. Bnei Brak, au contraire, est essentiellement composée d’hommes en noir, hormis une très faible minorité séculière, concentrée dans le quartier de Pardes Katz, à l’est de la rue Jabotinsky - plus connue comme la route Tel-Aviv / Petah Tikva.
Sur les 174 000 habitants de la ville, 85 % se définissent comme ultra-orthodoxes.
40 % uniquement à Pardes Katz, où les 60 % restants sont soit orthodoxes modernes, soit laïcs.
La cité s’étend sur les lieux précis de la Bnei Brak biblique. Après la conquête arabe, on pouvait trouver des réminiscences du nom d’origine dans le village d’Ibn Ibraq, situé à 4 kilomètres au sud de la ville moderne. La Bnei Brak actuelle a vu le jour en 1924, sous la forme d’un village agricole, fondé par un groupe de hassidim polonais dirigé par Itzhak Gerstenkorn. A l’époque, les autorités juives cherchent à encourager le développement de l’agriculture, et les pères fondateurs de cette nouvelle implantation se laisseront tenter par cette option.
Ils achètent des terrains. Un lopin de terre qui s’avérera au final trop exigu pour subvenir aux moyens d’existence de ces grandes familles hassidiques. Ils n’auront alors d’autre choix que de diversifier leurs sources de revenus, et la localité va rapidement développer des caractéristiques urbaines.
La communauté s’étoffe. Elle s’offre les services du rabbin Arieh Mordechai Rabinowicz, qu’elle fait venir de Kurów en Pologne dont il incarnait l’autorité religieuse.
Bnei Brak devient de fait une ville pieuse.
Les pères fondateurs décrivaient ainsi leur mode de vie : “Leurs âmes avaient été ravivées parce qu’ils avaient mérité ce que leurs prédécesseurs n’avaient pas, le fait de vivre en Terre sainte. Et ce qui avait particulièrement ravivé leurs âmes fatiguées, le matin et vers le soir, c’étaient leurs prières.”
De l’agriculture à la ville 
Le Beit Midrash (maison d’étude de la Torah) sera le premier bâtiment construit dans la localité. Il faisait également office de synagogue pour les prières en commun trois fois par jour, et accueillait l’étude quotidienne d’une page du Talmud, le Daf Yomi.
Depuis son origine, Bnei Brak a conservé son caractère très religieux. Aujourd’hui encore, les familles y sont nombreuses, ce qui en fait la ville juive la plus densément peuplée du pays. Mais comme les limites municipales ne sont pas extensibles, la population s’installe progressivement vers les zones adjacentes relativement moins coûteuses, telles que Pardes Katz ou le quartier voisin de Ramat Amidar, à Ramat Gan. Là se situe la limite de l’implantation haredie. Car la barrière du prix empêche catégoriquement tout exode ultra-orthodoxe de Ramat Gan vers Ramat Itzhak, une zone prisée et dont les prix sont fixés en conséquence.
Comme pour toutes les villes d’Israël, l’élément démographique constitue un facteur déterminant sur la scène immobilière.
La composition de la population et ses capacités financières déterminent les coûts et la qualité des appartements.
Conséquence : à Bnei Brak, le prix de l’immobilier est considéré “modéré” pour une ville-satellite de la zone métropolitaine de Tel-Aviv.
Les ultra-orthodoxes de la ville sont des sabras pour la plupart, mais pas seulement.
Selon le maire de la cité, Yaacov Asher, les haredim anglophones et francophones se sentent chez eux à Bnei Brak.
“Nous avons une large communauté de familles ultra-orthodoxes originaires des Etats-Unis et d’Europe. Et l’environnement culturel, spirituel et religieux est excellent”, affirme-t-il. “Ces immigrants occidentaux sont très actifs, ils s’organisent en groupes d’étude de Torah, et s’emploient à développer un réseau social d’entraide.
En outre, la ville est le foyer de nombreuses figures rabbiniques de premier plan, telles que le rabbin Haïm Kanievsky, le rabbin Aharon Leib Shteinman, le rabbin Shmouel Halevi Wosner et d’autres encore.”
Ville religieuse pour religieux 
La cité n’hésite pas à investir massivement dans la modernisation de ses infrastructures, fait savoir le maire. Bnei Brak n’échappe pas à la règle en cours dans la quasi-totalité du pays : la pénurie de terres constructibles. Mais elle s’échine pourtant à développer des projets immobiliers composés de vastes et spacieux appartements, conformes dans la mesure du possible aux standards occidentaux des immigrants nord-américains ou européens, habitués à un certain niveau de vie dans leurs pays d’origine.
Menahem Ram est un acteur bien connu du marché du logement à Bnei Brak, pour s’être spécialisé dans le marketing immobilier de la ville. Rien d’original à son premier argument de vente : l’attrait de la cité auprès des familles ultra-orthodoxes.
“Bnei Brak est le siège de nombreuses communautés hassidiques et de yeshivot grandes et célèbres. “Mais son emplacement géographique constitue également un avantage, puisque la cité est à quelques encablures du centre métropolitain de Tel- Aviv”, poursuit-il. Résultat : “La demande pour l’immobilier est constante. La région est moins affectée par la situation générale du marché national dans son ensemble. Car pour une famille ou un jeune couple de la communauté ultraorthodoxe, Bnei Brak reste la destination préférée. Les haredim tiennent absolument à résider dans un environnement religieux, ce qui a une forte incidence sur le marché de l’immobilier.”
En conséquence, poursuit-il, la demande est généralement supérieure à l’offre. “Les terrains constructibles sont strictement limités, et il n’existe pas de projets ‘Pinoui Binoui’ (démolition de bâtiments anciens et construction de tours d’habitations modernes en lieu et place) parce que les ultra-orthodoxes sont réticents à utiliser les ascenseurs de Shabbat. Les immeubles hauts ne sont donc pas fonctionnels à Bnei Brak.”
La demande non religieuse reste faible dans la ville, et ce, même si les prix en vigueur sont beaucoup moins élevés qu’aux alentours. Car tout comme une famille haredie ne souhaitera pas vivre dans un quartier séculier, les laïcs n’ont généralement pas envie de se retrouver dans un environnement ultra-orthodoxe, quels que soient les prix.
Un ancien appartement de deux pièces, situé au troisième ou quatrième, se vend en moyenne pour 1 million de shekels.
Pour un appartement de 4 pièces au premier étage, il faudra compter entre 1,4 et 1,5 million de shekels. Et plus encore s’il s’agit d’une construction moderne, comme à Marom Shir par exemple, où un projet de 150 appartements de très haut niveau vient de voir le jour. Les rezde- chaussée de 6 pièces sont vendus pour 2,5 millions de shekels. 
Transactions récentes 
• Un appartement ancien de 2 pièces avec terrasse, 70 m2, premier étage : 950 000 shekels.
• Un 2,5 pièces de 74 m2 au rez-de-chaussée, avec possibilité d’agrandissement : 1,2 million de shekels.
• Un 3 pièces, 90 m2, 2e étage : 1,28 million de shekels.
• Un appartement duplex de 5 pièces, 125 m2, avec un toit de 55 m2 : 1,95 million de shekels.