« J’aime ce pays, j’aime les Juifs pour ce qu’ils représentent »

Le groupe parlementaire d’amitié France-Israël du Sénat était de passage à Jérusalem. A cette occasion, son président, Jean-Pierre Plancade s’est entretenu avec le Jerusalem Post

Senat (photo credit: Wikimedia Commons)
Senat
(photo credit: Wikimedia Commons)

 «Le Sénat français est attaché à l’amitié franco-israélienne », a déclaré Jean-Pierre Plancade. Ce sénateur de la région Haute-Garonne était récemment de passage en Israël dans le cadre d’un déplacement du groupe parlementaire d’amitié France-Israël qu’il préside. Une visite placée sous le signe du développement des relations économiques entre les deux pays, avec la rencontre d’un grand nombre d’acteurs du secteur économique israélien dont notamment Ayalon Vaniche, le directeur général d’EDF Energies Nouvelles Israël. Et aussi un entretien avec le président Shimon Peres.

« Aujourd’hui on se rend bien compte qu’Israël est un pays solidement ancré dans la démocratie, dans la liberté et dans le respect des droits de l’Homme. Malgré tout ce que l’on peut en dire, malgré tout ce que l’on entend et malgré tout ce que l’on peut lire », affirme le sénateur en référence au rôle de la presse française. Interrogé quant à de possibles tensions parmi les membres du Sénat lorsqu’il est question de l’Etat hébreu, Plancade explique : « Au sein du Sénat, et même au sein de la France en général, l’image d’Israël est déformée, écornée. La vérité est souvent arrangée. »
 A ce sujet, il dénonce une propagande menée par les médias ainsi que par des groupes de pressions, lesquels conditionnent l’opinion publique. « Les ennemis d’Israël, et il y en a, se servent de cela pour montrer Israël du doigt », explique-t-il. Plusieurs motions de boycott de produits en provenance de l’Etat hébreu ont déjà été présentées qui ont fait l’objet de vote par le passé.
Ce genre d’initiative vise à couper les liens, dans le cas présent les liens économiques, avec un état, en limitant, voir en stoppant complètement les échanges entre deux nations. Ceci est peut-être une des conséquences de l’image négative et erronée propagée par la presse française. « Et moi, je suis contre, je le dis publiquement parce que je le pense », a ajouté le sénateur à propos de ce conditionnement de l’opinion publique et de ses conséquences sur les mesures proposées, et parfois adoptées, par les institutions de l’Etat français.
Et Plancade d’aller plus loin : « Quand on commence à exclure une démocratie, quand on commence à exclure un pays, ça veut dire que l’on exclut des hommes et des femmes », avant de poursuivre par un parallèle avec les boycotts et réformes effectués par l’Allemagne nazie des années 1930.

Une autre idée d’Israël

 Le groupe d’amitiés France-Israël est relativement populaire au sein du Sénat : avec 68 membres, il rassemble environ 20 % des sénateurs et représente un des plus importants groupes d’amitié à ce jour. Il est donc légitime de se demander quel type d’action ses membres comptent entreprendre. A cela, le sénateur répond qu’il entend « donner une image vraie de ce qui se passe en Israël ».

Parmi les initiatives : faire venir, dès qu’ils en ont la possibilité, des sénateurs sur le territoire israélien afin de les exposer à la réalité du pays qui est bien souvent très différente de celle présentée par les médias de l’Hexagone. « On arrive avec une certaine idée d’Israël et quand on y passe quatre ou cinq jours et que l’on rencontre des gens de tous les bords, on rentre avec une autre idée d’Israël. Et une idée beaucoup plus positive de ce pays », assure Jean-Pierre Plancade.
En plus d’œuvrer pour le changement de la perception de l’Etat hébreu chez leurs concitoyens, les membres de ce groupe parlementaire tentent de rapprocher les deux nations en renforçant les échanges commerciaux. Pour preuve, lors de cette visite, l’accent a été mis sur l’aspect économique des relations franco-israéliennes. « Je suis quelqu’un qui pense que c’est par l’économie que l’on favorise la paix et que l’on change les mentalités », a déclaré le président du groupe d’amitié France-Israël du Sénat, ajoutant qu’« Israël est en train de devenir une puissance colossale avec le gaz ».
D’autre part, en juin 2013, a été lancé le premier projet de ferme solaire photovoltaïque, coproduit par la filiale d’énergies renouvelables d’EDF implantée dans le désert du Néguev, au kibboutz Gvoulot. Cette entreprise est le fruit d’une collaboration ainsi que d’un partage de connaissances et de technologies entre les deux Etats et représente un placement financier intéressant pour chacun d’eux, permettant notamment à Israël d’effectuer les investissements nécessaires à l’exploitation du Néguev qui jusqu’alors lui avaient fait défaut.
Car Israël offre les conditions météorologiques adéquates au développement de ce type de technologie. A l’heure actuelle la ferme solaire de Gvoulot produit seulement 8,5 mégawatts, mais ce chantier n’est que le premier d’une série de 11 autres futurs chantiers dont l’objectif final est d’atteindre les 160 mégawatts d’ici deux ans, faisant d’Israël le premier partenaire de la France dans le domaine de l’énergie solaire photovoltaïque. A ce sujet, le sénateur cite la pax economica et affirme : « On peut vraiment faire la paix par le commerce ».

« Parlez, marchez droit

dans la rue ! »

 Au vu de ces relations économiques qui semblent florissantes et mutuellement profitables, il est possible de se demander si cela pourrait conduire à d’autres formes de partenariats. « Dès lors que deux peuples s’entendent, tout est envisageable », déclare Jean-Pierre Plancade. Il est vrai que la France et Israël s’entendent et trouvent des intérêts communs sur le plan économique, mais qu’en est-il du rôle du Sénat dans l’encouragement de ce partenariat ainsi que son développement vers d’autres sphères ? « Nous encourageons cette entente sans état d’âme », ajoutant que chaque sénateur y travaille à son niveau, dès qu’il le peut.

 En tant que sénateur de Haute-Garonne, Plancade explique qu’à Toulouse, considérant les tensions actuelles, grandement attisées par certaines personnalités comme Dieudonné dans la société française en général, ou par Merah qui a plus particulièrement visé Toulouse, la communauté juive a tendance à ne pas bouger, à ne rien dire. « Et moi je leur dis non, parlez ! Marchez droit dans la rue ! »
Commentant son choix personnel de prendre part à ce groupe parlementaire d’amitié France-Israël, Plancade évoque des valeurs communes et une volonté de soutenir toute nation représentant les idéaux de la démocratie. « Israël est une démocratie magnifique, c’est un lieu de liberté extraordinaire. Moi, je suis un homme libre, un démocrate et je défends les pays qui défendent la liberté, qui respecte les droits de l’Homme, où les gens peuvent s’exprimer jusqu’à l’absurde », déclare-t-il notamment au sujet du système électoral israélien. Les initiés ne pourront, en effet, pas nier l’aspect compliqué et parfois illogique de ce dernier, « Israël, c’est tout sauf simple ! », observe-t-il avec humour.
« J’aime ce pays, j’aime les Juifs pour ce qu’ils représentent, pour ce qu’ils sont », conclut le sénateur.