Journée “base ouverte”

Comme tous les ans, l’association 100 % Lahayal a organisé une journée d’instruction et de soutien pour l’armée israélienne. Découverte d’une base militaire et du quotidien des soldats

Base ouverte (photo credit: Sylvain Gharbi)
Base ouverte
(photo credit: Sylvain Gharbi)

A l’aube d’une périodedifficile pour Israël, où la crainte d’une guerre imminente plombel’atmosphère, ce sont les soldats de Tsahal qui portent les armes et la lourderesponsabilité de protéger leur Etat. Cette armée composée de jeunes hommes etfemmes est soutenue par diverses associations. Parmi elles : 100 % Lahayal, uneorganisation française fondée en 2001. Son objectif : apporter aide matérielleet morale à l’armée. Une mission motivée par les conditions de vie difficilesdes soldats, dont une certaine tranche est très appauvrie et par un besoin“d’aide basique au quotidien par des actions simples.”

Daniel Pinto, directeur de l’association, perçoit les soldats “comme sespropres enfants”. Chaque semaine, il se rend sur des bases militaires,accompagné de ses volontaires pour soutenir les soldats par divers moyens. 100% Lahayal propose en outre une assistance morale et financière à certains casparticuliers au sein de l’armée. Et de relater une histoire récente : “J’aireçu un appel d’un garçon d’une famille ultraorthodoxe, qui souhaitait servirdans l’armée. Sa famille n’est pas en accord avec son choix, ainsi nous luiavons apporté une aide financière et matérielle pour qu’il puisse effectuer sonservice militaire et vivre correctement.”
Daniel Pinto accompagne également des soldats isolés dont les familles sont àl’étranger : “Nous leur ouvrons les portes d’une maison d’accueil et leurapportons de la chaleur humaine.” Une des dernières actions de ce groupe desoutien est d’organiser une journée par an dans une base militaire. Cette année, elle s’est déroulée le lundi 13 août, sur les hauteurs du Golan.Les participants : des Français de tous âges, pour la plupart, dont une bonnepartie d’enfants et une majorité de touristes.
Aujourd’hui, c’est “repas de fête” 
En ce début de chaud après-midi d’août, lesportes de la base militaire s’ouvrent doucement. Les participants à cettejournée 100 % Lahayal regardent à travers les fenêtres du bus, et découvrent,pour bon nombre, un nouvel univers, partie intégrante de la sociétéisraélienne. Un paysage radicalement différent des plages, en cette périodeestivale. Quel est le but de cette “base ouverte” ? Selon Daniel Pinto, “il est double” :sensibiliser les participants sur la vie des soldats mais également apporterdes dons à l’association pour qu’elle puisse remplir ses objectifs, tout enpermettant la diffusion du projet dans les communautés juives françaises. Auprogramme de la journée : découverte de la base militaire, familiarisation avecle quotidien des soldats, déjeuner en leur compagnie, exercices de commando, etallocution du Rav Sitruk, ancien Grand Rabbin de France.
Il est évident que ce type de journée ne peut rendre fidèlement compte de laréalité d’une base militaire. Mais l’objectif de l’association est de mettre lepoint sur les repas et les logements. Plus simplement, sur les conditions de vie. Ainsi, on déambule dans lesimmenses allées bordées de tentes. Les militaires présents nous précisentqu’aujourd’hui, on mange un “repas de fête”. Un parcours émouvant connu pourcertains, inconnu pour d’autres. La seconde étape de cette journée consiste à assister à la simulation d’uneattaque ennemie. Tanks, armes et imposante fumée font leur apparition sur unimmense terrain.
Sous un tonnerre d’applaudissements, les soldats se présentent devant lesvisiteurs. Les visages éclatants des jeunes militaires sont pris d’assaut parles appareils photo, pendant que les enfants tentent de porter les lourdesarmes et les casques trop grands pour eux. Un vent d’insouciance souffle sur labase militaire, comme si l’horreur de la guerre et les souffrances se dissipaientdans des conversations banales et légères. J’interroge Daniel Pinto sur ce climat particulier. Il répond : “Je ne suis pasun mélo-dramatique. Je ne cherche pas à distribuer des kleenex”. Avantd’ajouter : “Nos soldats ne sont pas des guerriers. Ils font la guerre et lahaïssent. Les gens connaissent l’horreur de la guerre”.
La dernière étape : celle de la rencontre avec le Grand Rabbin Joseph HaïmSitruk. Daniel Pinto, proche d’un de ses fils, a participé au voyage desolidarité du Consistoire lors de la guerre du Golfe. Le Rav Sitruk y étaitprésent. Ce dernier rend hommage aux soldats, en hébreu et en français,déclarant son admiration sans borne. Certains, dans l’assistance, s’étonnent de cette intervention du cultuel dansune journée de solidarité avec les jeunes recrues de l’armée. Selon sondirecteur, un Juif pratiquant, 100 % Lahayal ne se définit pas comme uneassociation religieuse. Pourtant la religiosité semble très prononcée en cette journée organisée. Onincite les voyageurs à mettre les tefilines dans le bus. Un Dvar Torah sur laparasha de la semaine est prononcé au moment du déjeuner. Si la démarche peutsurprendre, Daniel Pinto la défend : “Tsahal est une force physique et lerabbin représente une force spirituelle. C’est une bonne et forte alliance”.
L’association apporte un soutien religieux aux soldats quand elle se rend surles bases militaires, Daniel Pinto explique ce geste : “Certains militairesn’ont pas vécu dans une famille traditionnelle, on leur propose d’effectuer desgestes religieux, et de changer leur idéal”. Dans la lumière des événementsrécents, les liens entre religion et armée sont des sujets brûlants au sein dela politique israélienne. Daniel Pinto n’hésite pas à prendre position : “Jesuis pour l’enrôlement des haredim à 100 %. Il ne doit pas y avoir d’exception. Le sang n’est pas plus rouge ou moins rouge. C’est un énorme privilègeque de servir Tsahal.”