Des scientifiques du monde entier étaient réunis les 29 et30 janvier à l’Institut Fisher des Etudes stratégiques aériennes et spatialesd’Herzliya, dans le cadre de la 7e conférence spatiale annuelle “Ilan Ramon”.L’occasion, pour Yannick d’Escatha, président du centre français d’étudesspatiales (CNES) de présenter une coopération franco-israélienne unique, dansle domaine de l’aérospatial. Mais aussi, de réaffirmer l’amitié existante entre les deux pays.L’année dernière, lors de la sixième édition de la conférence, un accordhistorique de coopération spatiale entre Israël et l’Europe avait alors étératifié. Selon Yannick d’Escatha, président du CNES, l’activité du centre consiste à“ensemencer la recherche, c’està- dire, à faire une sélection extrêmementrigoureuse, sélectionner des niches stratégiques et mettre en place descoopérations. Dans les puissances spatiales avec lesquelles nous collaborons,il y a, en bonne place, Israël avec qui nous coopérons depuis 1994.”C’est en avril 2005, que le CNES et l’Agence spatiale israélienne (ISA) signentun mémorandum d’entente qui scelle, pour la première fois, un accord decoopération entre la France et Israël sur les bases d’une politique“d’excellence et d’innovation”. Les deux pays s’engagent alors dans unprogramme de développement du microsatellite “Vénus” (Vegetation andEnvironment monitoring on a New Micro-Satellite) destiné à l’observation de laTerre et la surveillance de la végétation.
Il s’agit d’une mission de recherche, possible via un satellite muni d’unecaméra multi-spectrale qui permet de conserver une image à partir des longueursd’onde. “Vénus” sera capable d’enregistrer, en une seule prise de vue, jusqu’à 12longueurs d’onde différentes.La France est en charge de la conception de la caméra super-spectrale - quienverra des images d’une résolution approximative de 5 mètres -, et del’interface de lancement. Le CNES met son centre à disposition dans le cadre decette mission scientifique.Israël, pour sa part, est responsable de la plateforme de lancement, etfournira les propulseurs. L’Agence spatiale israélienne fera office de centrede contrôle une fois le satellite mis en orbite.De l’eau, ni plus, ni moinsLe satellite conçu se range dans la catégorie desmicrosatellites, plus légers et moins onéreux que les satellites standards.Avec un poids inférieur à 100 kg, le microsatellite de deuxième générationaffiche une durée de vie d’au moins 5 ans et permet de photographier 5 000 km2à la minute. Résultat : il coûte 3 à 5 fois moins cher qu’un engin standard,tout en offrant les mêmes avantages : immense précision, possibilité delancements multiples et accès rapide aux données. Le microsatellite tourne sur des orbites basses et peut être utilisé à des finsmilitaires comme à des applications civiles.Parmi les particularités de l’application civile : l’observation des phénomènesnaturels. Un domaine largement étudié par le CNES dans le cadre de sonprogramme sur le développement durable. De nombreux satellites sont ainsidédiés à l’observation de l’environnement continental, marin et atmosphérique,ainsi qu’à la gestion des risques et des crises.Yannick d’Escatha explique : “Notre rôle, au CNES, c’est de conduire lapolitique spatiale voulue par le gouvernement français et à innover. Notremission consiste à maîtriser l’espace, et l’utiliser dans toutes ses dimensions: télécommunication, internet, navigation.Mais aussi observation de la terre, météorologie, océanographie, gestion desressources naturelles et des crises. Par exemple, aujourd’hui on ne peut pas vraiment développer l’agriculture parmanque d’informations, alors qu’avec le satellite on peut les anticiper. Noussommes donc capables de faire de l’agriculture de précision, par exemple, demettre la quantité d’eau nécessaire, ni plus, ni moins, pour l’économiser. Pourobtenir ces informations, nous avons besoin de ces données qu’on appellemultispectrales, et c’est ce que Vénus va nous apporter pour la première fois”.Protéger la Terre
Grâce à ce satellite, une ère nouvelle débute, très innovantedans le domaine de l’observation de la terre.D’après Yannick d’Escatha, seuls les satellites sont capables d’anticiper lesproblèmes pour lesquels personne ne détient de solution. Et d’ajouter que“grâce à eux, on pourrait prévoir les conséquences des catastrophes naturellesen créant des modèles qui permettront de les prévenir. Nous allons avoir unecentaine de sites sur l’ensemble de la planète Terre que nous allons observeret analyser grâce aux évolutions vues de l’espace en les couplant par rapport àce qui se passe au sol entre les mains des chercheurs “.