Prendre exemple sur les réfugiés juifs

Les réfugiés juifs pourraient contribuer à la paix en agissant comme un contrepoids au “droit au retour” palestinien

les refugies juifs (photo credit: © DR)
les refugies juifs
(photo credit: © DR)
Il y a quelques années, une fille de l’illustrefamille Castro, des Juifs d’Egypte, assitait à un discours à de la veuve d’Anouar el-Sadate,Jehan. Après l’avoir félicitée, la Juive égyptienne a échangé quelquesplaisanteries avec Mme Sadate. “Mais vous devez revenir visiter [l’Egypte] etla montrer à vos enfants”, lui a lancé cette dernière, ajoutant la formule decourtoisie égyptienne, “beti betak”, ma maison est votre maison.
Mais saisissait-elle bien l’ironie de son offre ? La villa présidentielle deJehan Sadate appartenait précisément à la famille Castro, expulsée par en 1956. Les observateurs du conflit auMoyen-Orient parlent souvent des droits bafoués des Palestiniens, mais sontfrappés d’amnésie totale lorsqu’il s’agit de la dépossession de masse d’unnombre bien plus grand de Juifs dans dix différents pays arabes.
Certes, peu de familles juives avaient l’opulence des Castro. Mais partout dansle Moyen-Orient et en Afrique du Nord, leurs maisons, commerces et entreprisesont été saisis ou vendus bien en dessous de la valeur de marché, leurspropriétaires ayant souvent fui sous la peur ou été forcés de tout abandonner.
Les communautés juives de 1 000 ans antérieures à la conquête islamique onttotalement disparu.
L’économiste Sidney Zabludoff évoque 50 % de réfugiés juifs de plus que lesPalestiniens, qui auraient certainement perdu 50 % de plus d’actifs et debiens.
Tandis que le monde entier fait une fixation sur la construction israéliennedans une banlieue de Jérusalem (appartenant à des Juifs), nul ne reproche auxEtats arabes la saisie des terres et des biens juifs à Bagdad, au Caire, àTripoli et à Damas, estimée par l’Organisation mondiale des Juifs des paysarabes à cinq fois la taille d’Israël luimême.
Deuxième anniversaire
Il y a tout juste deux ans, la Knesset votaitdiscrètement une loi stipulant que le gouvernement israélien doit inclure lesdroits des réfugiés juifs, notamment les réparations, dans tous futurspourparlers de paix. C’est le député Nissim Zeev (Shas) qui avait initié ceprojet de loi, inspiré d’une résolution du Congrès américain de 2008.
Au moment de traiter des conditions du “statut final”, le gouvernementisraélien s’était engagé à faire respecter les droits des 850 000 Juifs taxésde sionistes après 1948 et chassés de leurs foyers. Dans l’intervalle, levice-ministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon, avait lancé une campagnepour sensibiliser le grand public sur la question des réfugiés juifs.
Le 21 février, deuxième anniversaire de l’adoption de la loi par la Knesset,attendons-nous à de nouvelles informations.
Avant toute discussion sur les réparations, cependant, la Ligue des Etatsarabes doit reconnaître sa responsabilité dans la création du problème desréfugiés juifs. Trop souvent, la question est accueillie avec incrédulité ourefus. Et quand elle est reconnue, des contredemandes d’indemnisation sontexprimées à tout va.
Les Arabes accusent les sionistes de cet exode, ou le justifient comme uneréaction légitime postcréation d’Israël. Des mythes circulent arguant que lesJuifs et les Musulmans ont vécu ensemble en parfaite harmonie avant l’avènementdu sionisme, ou encore que les Juifs étaient mieux traités dans le mondemusulman que chrétien.
La propagande arabe et le silence israélien ont de pair contribué à fairecroire au monde que les Palestiniens sont les victimes d’une injusticeisraélienne. En redonnant voix aux réfugiés juifs - qui, avec leurs descendantsreprésentent 52 % de la population juive d’Israël - il s’avère que les deuxensembles de réfugiés, en nombre à peu près égal, ont échangé leurs places auMoyen- Orient.
Si aujourd’hui aucun Juif ne se considère comme un réfugié, leur rendre justicereste un impératif moral. Il ne s’agit pas simplement de compensation pour lesbiens et propriétés usurpés. Des centaines de Juifs à des kilomètres du champde bataille ont subi discrimination, violence et abus orchestrés par l’Étattout simplement parce qu’ils étaient juifs.
Qui aspire au droit au retour ?
Les réfugiés palestiniens, pour leur part, ontété mêlés à une guerre locale lancée par leurs propres dirigeants.
Les réfugiés juifs pourraient contribuer à la paix en agissant comme uncontrepoids au “droit au retour” palestinien. Même les “modérés” du camp duFatah se cramponnent au retour des réfugiés arabes de 1948 dans l’Israël actuel(leur nombre a grimpé à plus de quatre millions vu que, chose inédite, lestatut de réfugié a été transmis à leurs descendants).
Le “droit au retour” palestinien signifie la destruction d’Israël par desmoyens démographiques et la création de facto de deux Etats palestiniens, l’unen Judée- Samarie, et l’autre à la place d’Israël.
Pour leur part, les réfugiés juifs ont été réinstallés avec succès en Israël eten Occident. Le problème des réfugiés palestiniens, aiguisé par l’UNWRA, Officede secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dansle Proche-Orient, pourrait être résolu en suivant le modèle juif deréinsertion.
La non-intégration des Palestiniens dans des pays d’accueil arabes constitue unabus des droits de l’Homme. Ce n’est pas seulement contre-nature, c’estinhumain.
Contrairement à de récents rapports de presse trompeurs, aucun Juif n’aspire àun “droit au retour” dans les Etats arabes. Un porte-parole du ministère desAffaires étrangères a formellement nié une telle demande par le gouvernementisraélien. Tout d’abord, c’est un phénomène sans précédent. Les 7 millionsd’Hindous et Musulmans qui se sont intervertis dans la guerre indopakistanaisede 1947 constituaient un échange permanent. De même que les Grecs expulsés deTurquie et les Turcs chassés de Grèce après la fin de la Première Guerremondiale.
Deuxièmement, hormis la cohue générée par une migration de masse, un “droit auretour” juif vers des pays empoisonnés par une haine antijuive est impensable.Qui voudrait transférer trois générations de Juifs, intégrés de façonpermanente en Israël et l’Occident, vers des terres ni accueillantes, ni sûres.Alors, si un groupe de réfugiés ne peut faire arrière, l’autre non plus.
Les réfugiés juifs sont la clé pour mieux saisir labigoterie contre les minorités non musulmanes qui animera le conflit avecIsraël tant que le fascisme - exacerbé par le Printemps arabe - régnera sur lemonde arabe. Comme le montre le sort des Coptes et Assyriens, les Juifsindigènes auraient été des victimes, même si Israël n’avait pas existé. Ils ontété les premiers à subir un nettoyage ethnique, mais ils ne seront pas lesderniers.
L’échec d’Israël à se battre pour les droits des réfugiés juifs a été unecatastrophe diplomatique - que le gouvernement essaye de pallier après 60années de négligence. Le ministère de Danny Ayalon doit aujourd’hui demanderreconnaissance et réparation. Il doit instruire les ambassades israéliennes àtravers le monde pour mettre la question à l’ordre du jour. Affaire à suivre...