Quartier pastoral

A quelques stations de tramway du centre-ville, Beit Hakerem ouvre ses portes aux jeunes familles en quête d’un coin de verdure.

Beit Hakerem  (photo credit: Marc Israël Sellem )
Beit Hakerem
(photo credit: Marc Israël Sellem )

Si l’unedes zones de Jérusalem peut être qualifiée de rurale, c’est à n’en pas douterBeit Hakerem. Le vert quartier est situé au sud-ouest de la ville.

Autrefois capitale du vin, cette spécificité lui vaut son nom, en hébreu“maison de la vigne”.
Beit Hakerem semble quelque peu excentré, car niché entre les quartiers deKiryat Moshé et Beit Vegan. Mais tout est relatif. L’apparition du tramway,notamment, a changé la donne et complète le réseau d’autobus de la capitale. Letransport est désormais rapide et pratique, et dessert avec confort lesrésidents.
Pour les habitants du quartier, la distance qui les sépare du centre-ville esttout-à-fait acceptable. Et surtout, l’inconvénient est compensé par la beautérurale dont ils bénéficient.
Des rues pastorales et luxuriantes bordent les terrains de jeux et les parcs duquartier. Nombreux sont ceux qui se sont installés à Beit Hakerem pour son modede vie plus banlieusard, loin de l’agitation et du bruit du centre-ville. Al’instar de nombreuses zones de Jérusalem, Beit Hakerem peut retracer sonhistoire jusqu’aux temps bibliques.
Des restes de la période des Premier et Second Temples, ainsi que des vestigesdes structures byzantines et des civilisations mamelouks, ont été retrouvés en2006 lors de fouilles archéologiques entreprises rue Hasatat.
Beit Hakerem a été établi en 1922. A l’époque, le lieu est désert, considérécomme éloigné de la capitale mandataire de la britannique. Les fondateurs duquartier sont originaires d’Europe centrale et orientale. Juifs laïcs, ilsaspirent à construire une communauté pour y vivre et travailler.
Et créent une organisation destinée à collecter des fonds de l’étranger afin definancer les infrastructures nécessaires et soutenir les pionniers.
C’est Richard Kaufmann, célèbre architecte et urbaniste juif allemand, qui estchargé de la construction de Beit Hakerem. Il conçoit un centre rurald’habitations, à proximité des fermes voisines où les habitants peuvent gagnerleur vie.
Un confort qui a un prix Jusqu’au début des années 1950, Beit Hakerem disposede son propre gouvernement local, puis le quartier est annexé à Jérusalem.Aujourd’hui, sa population est d’environ 15 000 âmes. A la disposition deshabitants : 25 jardins d’enfants, quatre écoles primaires et trois écolessecondaires, considérées parmi les plus prestigieuses de Jérusalem. Le collègeDavid Yellin, notamment, créé en 1913, se situe à Beit Hakerem.
Au regard de toutes ces caractéristiques, il est aisé de comprendre pourquoiles prix de l’immobilier rivalisent volontiers avec ceux des quartiers centrauxde Jérusalem, comme le vétéran Rehavia.
D’après Orly Raz, de l’agence Re/Max Vision, les tarifs oscillent de 18 000 à25 000 shekels le mètre carré. Un appartement de 100 mètres carrés peut doncatteindre 1,8 et 2 millions de shekels, selon son emplacement et son état. Lesprix sont évidemment plus élevés pour les propriétés avec jardin, et lesmaisons individuelles peuvent valoir jusqu’à 30 000 shekels le mètre carré.
La région attire également de nombreux universitaires qui souhaitent vivre àproximité du campus de l’Université hébraïque de Guivat Ram, ainsi que lepersonnel médical qui cherche à se rapprocher de l’hôpital Shaarei Tzedek. “Lamajorité des acheteurs sont en réalité des résidents qui vivaient déjà dans levoisinage et sont désireux d’améliorer leur mode de vie, en ajoutant une pièceà leur habitation ou en quittant un appartement pour une villa”, complète Raz.“Ceux qui emménagent à Beit Hakerem restent habituellement cinq ans. Les jeunesfamilles sont attirées par les écoles de haute qualité et les activitésparascolaires du centre communautaire local.”
L’un des points incontournables de Beit Hakerem, le Gan Haesrim (le parc desVingt), rend hommage aux vingt habitants, morts au cours de la guerred’Indépendance. Le Kikar Denyia (place du Danemark) honore de son côté lesDanois qui ont permis le sauvetage de 80 % de leur population juive pendant laShoah. Au centre de la place, un monument en forme de bateau rappelle la façondont les Juifs gagnaient, en contrebande, la Suède.
Autre caractéristique importante à noter : le caractère laïc de Beit Hakerem,pourtant niché entre les quartiers religieux de Kyriat Moshé et Beit Vagan. Unfacteur qui séduit ceux qui préfèrent vivre dans un quartier non orthodoxe, àJérusalem. Et qui explique, également, la montée des prix.
Parmi les figures connues vivant à Beit Hakerem : le maire de la ville, NirBarkat et le président de la Knesset, Reouven Rivlin.