La société au cœur du débat

Départ de Moshé Kahlon, retour d’Arieh Déri à Shas, arrivée d’Itzik Shmouli et de Stav Shaffir chez les travaillistes... L’importance des questions sociales dans la campagne gêne Netanyahou.

Prime Minister Binyamin Netanyahu in the Knesset 311 (R) (photo credit: REUTERS/Ronen Zvulun)
Prime Minister Binyamin Netanyahu in the Knesset 311 (R)
(photo credit: REUTERS/Ronen Zvulun)
Premier déplacement électoral. Jeudi 18 octobre, le Premier ministre Binyamin Netanyahou tombait la chemise pour un polo noir avant de grimper dans un vieil hélicoptère militaire à Jérusalem, en compagnie de son équipe de campagne.
Mais loin des classiques visites au marché de Mahané Yehouda à Jérusalem ou la gare de Tel-Aviv, Bibi a choisi un endroit plutôt incongru pour son déplacement : le désert.
Le mont Sagi, à la frontière égyptienne, était néanmoins le lieu parfait pour faire passer le message principal de la campagne de Netanyahou : il est le seul dirigeant capable à la fois sur les questions sécuritaires et socio-économiques.
Sur place, le Premier ministre a observé les progrès de la clôture de sécurité le long de la frontière, posé pour des photos auprès des soldates du bataillon Caracal - celui qui avait éliminé des terroristes tentant de s’infiltrer en Israël le mois dernier - avant de prononcer un minuscule discours de campagne avec le désert en toile de fond. “La barrière est d’une importance cruciale pour la sécurité et l’économie d’Israël”, a-t-il rappelé. “Le monde entier vient ici pour la voir et étudier ses spécificités. Je reviendrai dans six mois fêter son achèvement”.
Que ce rendez-vous pris tombe bien après le 22 janvier n’a échappé à aucun journaliste présent. Et si Bibi a ignoré toutes les questions reliant son déplacement à la campagne électorale, le message était clair : en tant que Premier ministre, Netanyahou a eu l’initiative de construire cette barrière, nécessaire à la sécurité d’Israël. Il a réagi aux dangers posés par le changement de régime en Egypte, fait passer le nombre d’infiltrés de 3 000 par mois à presque zéro et évité ainsi d’autres dommages causés à la population pauvre par la venue de ces travailleurs émigrés.
Ce message n’était d’ailleurs pas destiné au seul petit groupe de journalistes et de soldats présents sous la tente dressée à cet effet. Mais bien aux électeurs, en particulier les habitants de villes en développement et des quartiers pauvres qui forment la base traditionnelle du Likoud. Pour eux, sans vouloir offenser l’Iran ou le Hezbollah, la véritable menace, c’est la vague d’immigrants qui occupent leurs emplois. Comme l’a récemment formulé un de ces citoyens à la Knesset : pourquoi m’employer, moi, quand un Erythréen travaille le double d’heures pour un salaire réduit de moitié ? Car c’est bien à ses électeurs traditionnels que s’adressait Netanyahou lorsqu’il a mis en garde contre cet afflux de travailleurs étrangers “qui pourrait être fatal à l’Etat juif”.
En visitant la clôture, Bibi souhaitait faire valoir aux yeux de son électorat une réussite tangible, dont l’impact est perceptible au quotidien. S’il est difficile de matérialiser une croissance économique, ou la hausse d’une note du crédit israélien, la barrière constitue la preuve indéniable du travail accompli par le gouvernement Netanyahou.
Vers l’équivalent israélien du printemps arabe ? 
Vétéran de la Sayeret Matkal (unité de forces spéciales de Tsahal), Netanyahou comprend la valeur d’une frappe préventive.
C’est donc ce qu’il a fait. Dans ce cas présent, l’ennemi ce n’est ni les terroristes djihadistes du Sinaï, ni le Hamas dans la bande de Gaza mais les partis Shas et Haavoda aux prochaines élections. Les deux formations ont l’intention d’exploiter ce qui apparaît comme une faiblesse du Premier ministre sur les questions socioéconomiques.
Après tout, la raison officielle d’un scrutin anticipé est un budget bardé de coupes draconiennes que Netanyahou savait difficile à faire passer.
Shas et Haavoda ont tous deux acquis de nouvelles armes la semaine dernière. Le principal trophée de Shelly Yacimovich est Itzik Shmouli, président de l’Union nationale des étudiants israéliens et l’un des leaders du mouvement social de 2011. Avec Stav Shapir, autre figure de proue du mouvement, il permet au parti travailliste de capitaliser sur la valeur électorale des manifestations.
Selon les cadres d’Haavoda, si les 300 000 personnes descendues dans les rues en 2011 manifestaient leur mécontentement dans les urnes, le résultat pourrait être une révolution démocratique qui serait l’équivalent israélien du printemps arabe.
Quant à Shas, sa nouvelle recrue est plutôt ancienne, et a déjà fait ses preuves face à Netanyahou et au Likoud : Arieh Déri.
Maintenant que le voilà dans le triumvirat à la tête du parti religieux, aux côtés d’Attias et d’Yishaï, l’ancien détenu mènera la campagne électorale. La dernière fois que Déri a conduit Shas, la formation avait remporté 17 sièges aux élections de 1999, seulement deux de moins que le Likoud. Un succès incontestable pour le politicien, qui avait usé de son charisme pour toucher les masses sépharades et voler des électeurs au Likoud.
Bibi perd son joker socio-économique 
Mais la dangerosité de Déri ne s’arrête pas là. Contrairement à Eli Yishaï, qui a abandonné la présidence de Shas mercredi 17 octobre, il est perçu comme un électron libre. Il pourrait aussi bien former un gouvernement avec Netanyahou, aider un dirigeant de gauche à bâtir une coalition ou user de son pouvoir pour faire monter le prix d’une participation Shas dans un gouvernement.
D’aucuns ont pensé qu’Avigdor Liberman, leader d’Israël Beiteinou et ami proche de Déri, jouerait la même carte politique.
Mais Liberman, à la tête de la seconde formation de droite du pays après le Likoud, a saisi l’occasion d’une séance photo, lundi 15 octobre, pour promettre que son parti “rejoindrait un gouvernement nationaliste du camp nationaliste”.
Si le leader d’origine russe est moins proéminent sur les questions sociales, il dispose néanmoins d’un atout : la députée Orly Levy-Abecassis, la fille de David Levy, ancien dirigeant de la branche sépharade du Likoud et ennemi personnel de Netanyahou. Lorsque Levy prenait sa retraite, le parlementaire Moshé Kahlon reprenait le flambeau. Et Netanyahou était fier de lui quand ce même Kahlon s’octroyait la seconde place sur la liste des candidats du Likoud en 2006, première élection à laquelle Levy ne participait pas en 37 ans. Plus encore, Bibi était ravi lorsque la presse a surnommé son numéro 2 : “le garçon de Guivat Olga”, un quartier pauvre de Hadera.
Kahlon avait décidé il y a trois ans de quitter la politique à la fin de ce mandat.
L’annonce de son départ, dimanche 14 octobre, la semaine où Déri revenait à Shas et Shmouli rejoignait les travaillistes, ne pouvait cependant pas plus mal tomber.
Avec lui, Bibi a perdu son atout socioéconomique, un ministre devenu populaire grâce aux mesures qui ont drastiquement fait baisser le coût des opérateurs mobiles, des téléphones en eux-mêmes et des chaînes du câble. Le départ de Kahlon souligne également la différence entre les dirigeants du Likoud, pour la plupart ashkénazes et sa base électorale sépharade.
Plusieurs autres députés du parti sont issus des communautés d’Afrique du nord, mais le seul autre ministre Likoud sépharade du gouvernement est Silvan Shalom, marié à une riche héritière ashkénaze. Quant aux ministres de premier plan, leurs noms d’origine, modifiés, ne pourraient pas sonner plus ashkénazes : Saarchchnsky (le ministre de l’Education Guideon Saar), Smilansky (le vice-Premier ministre Moshé Yaalon) et Wierzbolowski (le Premier ministre adjoint Dan Meridor).
Netanyahou essaiera sans doute de promouvoir les députés sépharades du Likoud lors des primaires du parti le 25 novembre prochain, afin d’amortir le départ de Kahlon. Mais il sait que les questions socio-économiques pourraient bien finir par porter atteinte à sa formation. C’est donc pourquoi on devrait voir le Premier ministre visiter d’autres endroits imprévus ces trois prochains mois.
Olmert fait durer le suspens 
by LAHAV HARKOV
L’ancien Premier ministre Ehoud Olmert devrait annoncer cette semaine sa décision de se présenter ou non aux élections générales du 22 janvier.
Malgré les rumeurs, dans son entourage on niait lundi 22 octobre que cette déclaration, qui changerait la donne de la campagne, allait se faire le soir-même devant l’Institut pour la diplomatie appliquée de l’Université de Tel-Aviv, où Olmert devait prononcer un discours. “Il poursuit ses démarches”, a affirmé une source proche de l’ancien élu. “Mais je pense qu’il devrait annoncer sa décision rapidement”.
La semaine dernière, le bureau du procureur a décidé de faire appel dans le procès Talansky, où Olmert a été acquitté des charges de corruption qui pesaient contre lui. Une initiative qui rend sa candidature moins probable.
Quoi qu’il en soit, la décision d’Olmert se fera en coordination avec Tzipi Livni, qui lui a succédé à la tête de Kadima. Les deux anciens collaborateurs devraient se présenter ensemble, ainsi qu’avec l’ancien député Haïm Ramon.
Livni pourrait former un nouveau parti si Olmert décidait finalement de ne pas être candidat. L’ex-Premier ministre a également rencontré l’ancien chef d’état-major, le général Gabi Ashkénazi, pour lui proposer d’être candidat au ministère de la Défense sur une liste commune.