L’étoile de Séphora s’est éteinte...

Jacques Levy avait permis à la marque d’acquérir une reconnaissance mondiale.

sephora (photo credit: © DR)
sephora
(photo credit: © DR)
Hélène Schoumann Il a été pendant sept ans le président mondial d’une des marques de beauté la plus célèbre du monde. Il voulait implanter Sephora en Israël, regrettant que le marché, trop petit pour le moment, ne lui permette de réaliser ce rêve. Mais il avait confiance en l’avenir et regardait avec espoir dans la direction de Sion, l’oeil et la pensée rivés sur cet Etat auquel il était très attaché et où sa mère réside encore, dans la charmante ville de Rishon Letsion.
Malgré ses voyages fréquents là-bas, c’est à Los Angeles qu’il habitait dans la maison qu’il s’était fait bâtir au milieu de la luxuriante verdure du quartier de Beverly Hills. Il y passait la moitié de l’année et l’autre dans ses multiples voyages où il répandait, aux quatre coins du globe, sa belle parole et sa vision de la beauté.
Homme de terrain, Jacques Levy aimait humer l’air du temps dans les nombreux espaces Sephora où il se rendait et qui sous sa direction se sont multipliés. Car Jacques Levy croyait au pouvoir de l’enseigne : 1 070 magasins en 2010 contre 756 en 2007 ont vu le jour. Sur son passage, les espaces Sephora naissaient, presque par magie.
Il était toujours à l’écoute du personnel et des clients qu’il respectait au-dessus de tout avec une humanité déconcertante. A la fois businessman et innovateur en matière de cosmétique, Jacques Levy a mis sur le marché des produits qui ont fait leur preuve et sont devenus leaders, comme StriVectin, l’événement anti-âge ou ces gammes multicolores et gourmandes pour le bain. Quant à la distribution, c’est chez Jacques Levy que les petites marques pleines d’espoir allaient frapper, certaines de trouver une oreille attentive.
Combien en aura-t-il pris sous son aile, mu par un instinct des affaires inné : Yes to, marque israélienne, savant mélange de légumes et de boue de la mer Morte, ainsi qu’Ahava, que l’on trouvait peu en dehors d’Israël et qu’il a boostée dans le monde entier. Entré en 2003 chez Sephora comme responsable du marché européen, Jacques Levy a vite grimpé les échelons avant de se retirer en mars 2011.
Fait Chevalier de la Légion d’honneur en 2009 pour son extraordinaire parcours, il gardait la tête froide. Sa légendaire modestie était augmentée d’une pointe de timidité qu’il masquait souvent par un doux sourire.
Jacques Levy aimait raconter les origines de Sephora avant le rachat en 1997 par le puissant groupe LVMH comme un conteur : Il était une fois un homme fou d’amour pour son épouse à qui il offrit une parfumerie. Il lui donna son nom : Sephora. Peu importait la vérité, Jacques Levy ouvrait la porte du rêve, comme peu d’hommes savent encore le faire.
Aujourd’hui, ce moissonneur de beauté qui aimait tant les petits matins et les aubes de cristal est enveloppé dans sa nuit éternelle, sur cette colline du Mont Sion de Los Angeles où il repose, si loin, si près de l’autre, celui de Jérusalem.
Il avait 62 ans.