Philippe Soussi, l’outsider venu du Centre

Personnage discret du paysage politique français, Philippe Soussi se présente dans une circonscription qu’il définit comme “un prolongement de mon activité et de ma vie”

Soussi (photo credit: © DR)
Soussi
(photo credit: © DR)
Il fêtera ses 50 ans le 18 mars prochain. Né en 1962 à Oran, Philippe Soussi quitte l’Algérie quelques mois après sa naissance pour rejoindre la France en compagnie de ses parents. En 1969, la famille dans “la ville qui a le mieux accueilli les pieds noirs d’Algérie” : Nice. Et c’est là qu’il exerce depuis 1987 la profession d’avocat, un métier auquel il tient et ne souhaite pas délaisser au profit d’ambitions carriéristes. Quand il évoque sa terre natale, Philippe Soussi confesse : “Je n’ai pas connu l’Algérie, mais elle fait partie de ma vie et de mon histoire. Je pense que nous, les pieds noirs, nous avons beaucoup de choses à transmettre”. Un attachement qui explique en partie “l’affection toute particulière” qu’il voue à Albert Camus.
Animé par la passion de la chose publique et poussé par une forte tradition familiale, faire de la politique pour Soussi c’est avant tout “la volonté de travailler pour ses concitoyens”.
“Je respecte beaucoup les gens qui font de la politique leur métier, mais en ce qui me concerne, j’essaie de me rendre utile. Je crois beaucoup à l’action politique de ceux issus de la société civile, qui continuent à exercer un métier.
Cela demande beaucoup d’organisation, mais c’est tout à fait faisable puisque je l’expérimente depuis cinq ans”, déclare-t-il.
Et les diverses fonctions de Soussi témoignent de la faisabilité d’une activité politique prolifique : fonctions parlementaire, municipale et liées à la Méditerranée sont autant de domaines qu’il connaît bien. En 2007, les élections législatives sont l’occasion pour lui de rentrer en politique en devenant le député suppléant à l’Assemblée nationale de Rudy Salles, membre français du Comité directeur du Conseil international des parlementaires juifs. En 2008, lors des élections municipales, Christian Estrosi l’invite à rejoindre sa liste électorale.
À l’issue du scrutin, il sera nommé maire-adjoint de la ville de Nice, avec, à sa charge deux délégations : les quartiers et les affaires méditerranéennes.
Aussi, son “cheval de bataille” demeure sans aucun doute “Euromed”, un partenariat établi entre l’Union Européenne et dix autres Etats sur le pourtour méditerranéen, qui vise à la coopération décentralisée entre les villes du Nord et les villes du Sud. Nice, qui assure la présidence du réseau Euromed, a déjà eu l’occasion de travailler étroitement avec Haïfa et Netanya.
Une avancée démocratique Le candidat au législative avoue sa “chance de (pouvoir) travailler avec Rudy Salles et Christain Estrosi qui ont marqué leur soutien et sont de vrais et sincères amis d’Israël”. Un pays auquel il est lui-même très attaché. Pour lui, “la sécurité d’Israël passe avant tout et en cette matière rien n’est négociable” tout en cultivant l’espoir en tant que citoyen français et juif “de voir un jour un pays en paix”. Sans pour autant omettre de préciser qu’ “il faut bien se garder de donner des leçons à ceux qui vivent en Israël”.
Dès lors, le parcourt de Soussi invite à penser qu’une politique honnête et teintée d’humilité est encore possible.
Attaché aux valeurs du centre droit, il dit ne pas “aimer la critique systématique” et se placer au-delà d’une bipolarisation gauche droite qui “est souvent absurde” et “conduit à des actions stériles”. Il ne se lancera donc pas dans le combat des chefs, ni ne se laissera prendre au jeu des “invectives entre les uns et les autres” qu’il dit avoir remarqué lors de ce début de campagne.
Au contraire, il se dit “surpris de voir qu’on prend peutêtre mal la mesure de cette élection” et préfère se concentrer sur “les préoccupations des Français de l’étranger” en “soulevant les vrais problèmes”.
Quelles sont donc ses priorités ? Tout d’abord, il souhaite mettre en place une législation adaptée de façon précise qui s’appuierait sur des textes originaux qui pourraient constituer un “code des Français de l’étranger”. Il se dit également favorable à la création d’une “collectivité d’Outre-frontières” sur le modèle des régions afin de défendre les droits et les intérêts des Français de l’Etranger, simplifier les démarches administratives et mettre en place “un cadre institutionnel efficace pour répondre aux problèmes des Français de l’étranger et réduire les inégalités et les disparités entre eux”.
Mais aussi toutes les questions liées à l’enseignement et à la protection sociale pour répondre par exemple “au très fort besoin de création de maison de retraites pour francophones en Israël” de même qu’il souhaite faire en sorte qu’“aucun Français de l’étranger ne se trouve dans le besoin et isolé”.
S’il souhaite concourir pour la 8e circonscription, c’est pour contribuer à l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens : “Je suis très heureux de me présenter devant mes concitoyens d’Israël et Français de l’étranger.
Je crois que cette élection est une avancée démocratique et je voudrais convaincre nos compatriotes d’aller voter.En tant que candidat, j’aurai à coeur d’expliquer en quoi cette élection est importante”. La candidature de Philippe Soussi sera officiellement déclarée dans quelques jours.
■ Quel est le principal trait de votre caractère ? La ténacité.
■ Hormis vous, quel candidat est le plus adapté ? Je respecte tous les candidats républicains.
■ Qu’est-ce que vous a toujours reproché votre mère ? De me coucher tard.
■ Le pays où vous souhaiteriez vivre ? A part la France, Israël bien sûr.
■ Qu’est-ce qui vous tire du lit le matin ? La joie de vivre.
■ Qu’est-ce qui vous tient éveillé la nuit ? La joie de vivre aussi. Mais aussi un bon bouquin.
■ Quel est votre artiste préféré ? Marc Chagall.
■ Quel Israélien mériterait qu’on lui consacre un film ? Il y en a tant. Parmi nos contemporains Shimon Peres. J’ai eu l’honneur de le rencontrer et j’ai eu le sentiment de rencontrer l’Histoire. Shimon Peres mais aussi tous ces anonymes qui ont fait la grandeur d’Israël. J’aime les anonymes et les gens humbles.
■ Que changeriez-vous chez les Israéliens si vous le pouviez ? Rien. Jean Cocteau disait “ce qu’on te reproche cultive-le, c’est toi”.
■ Que changeriez-vous chez les Français si vous le pouviez ? Je ferais la même réponse.
■ Quel conseil donneriez-vous à un nouveau venu en politique ? Reste toi-même.
■ Donnez-nous une bonne raison de ne pas entrer en politique.
Risquer de ne pas rester soi-même.
■ Quel est votre modèle ? Mon père. Mais dans l’action publique, mon modèle c’est Pierre Mendes France. J’ai une photo de lui dans mon bureau depuis 24 ans.
■ Vous êtes plutôt ipad, Blackberry, ou papier et crayon ? Papier et crayon, mais malheureusement j’ai les trois.
■ Quel est votre souvenir d’enfance le plus marquant ? Mon arrivée à Nice avec mes parents en 1969. Dans un autre ordre d’idée, les premiers pas de l’homme sur la lune. Mon étonnement est resté gravé dans ma mémoire.
■ Qu’est-ce que personne ne sait de vous ? J’aurais aimé être lauréat d’un prix littéraire. J’écris pour le plaisir, beaucoup et depuis toujours. J’ai une passion des livres et pour toute forme de littérature.
■ Ce que vous détestez par-dessus tout ? La vanité.
■ Quel est le personnage historique que vous méprisez le plus ? Les collabos.
■ Le fait militaire que vous admirez le plus ? Le débarquement de Normandie du 6 juin 1944.
■ La réforme que vous estimez le plus ? L’abolition de la peine de mort en France en 1981.
Ainsi que toutes les lois qui ont visé à l’égalité entre les hommes et les femmes, qui sont des lois essentielles.
■ Le talent que vous auriez aimé avoir ? Savoir peindre.
■ Quel est votre état d’esprit présent ? Serein.
■ Quelles sont les fautes qui vous inspirent le plus d’indulgence ? Les erreurs de jeunesse.
■ Quelle aurait été votre profession en 1912 ? Avocat.
■ Baguette ou pita ? Baguette le matin. Pita le soir.
■ Le slogan qui résumerait votre programme politique ? Unir pour avancer.
■ Votre devise dans la vie ? Ne fais pas à autrui ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse.