Tensions chez les travaillistes

Les résultats des primaires à peine publiés, des désaccords émergent dans les rangs d’Avoda.

Labor party chairwoman Shelly Yacimovich 370 (photo credit: Marc Israel Sellem)
Labor party chairwoman Shelly Yacimovich 370
(photo credit: Marc Israel Sellem)
Quelques heures auront suffi. L’encre avait à peine séché sur les résultats des primaires travaillistes, qu’Amir Peretz (3e sur la liste) s’en est pris à Shelly Yacimovich : il reproche à la chef du parti de ne pas préciser à l’avance si, oui ou non, le parti Avoda pourrait rejoindre une coalition menée par le Premier ministre Binyamin Netanyahou et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman. Si la dirigeante travailliste ne clarifie pas sa position dans les jours à venir, a-t-il menacé, il envisagera de quitter la formation.
« La priorité, c’est la question diplomatique. Avoda doit préparer un plan de paix détaillé et le présenter au public », a-t-il affirmé.
Et d’ajouter que, selon lui, le parti devait dire « clairement et sans détours » qu’il ne rejoindra pas un gouvernement Netanyahou- Liberman.
Peretz a expliqué que ces deux déclarations concernaient avant tout le Likoud et sa politique et qu’elles ne devaient pas faire l’objet d’un conflit interne. Le député a également exprimé le souhait de rencontrer Yacimovich afin de clarifier la situation avec elle. Il espère pouvoir la convaincre que la paix est un atout et non un fardeau électoral, et qu’il n’y a aucune raison « d’abandonner le rôle historique du parti en tant que leader du camp de la paix ».
Dimanche, des dizaines de militants ont appelé le bureau d’Amir Peretz à la Knesset pour se plaindre de son comportement. Le député a également fait l’objet de critiques de la part des travaillistes de premier plan.
En conséquence, Shelly Yacimovich a annulé un rendez-vous qu’elle devait tenir avec Peretz, numéro 3 sur la liste d’Avoda, en raison de son « attitude rebelle », selon l’entourage de la dirigeante travailliste. Elle rencontrera les candidats un par un, mais elle n’acceptera pas, toujours selon ses collaborateurs, l’ultimatum de Peretz.
Isaac Herzog, qui a remporté la seconde place sur la liste électorale pour la troisième fois consécutive, a été chargé par la présidente de diriger la campagne du parti.
Le député Eitan Cabel, arrivé 4e, chapeaute désormais l’équipe des relations publiques. Quant au vétéran Binyamin Ben-Eliezer, il est à la tête du groupe de travail de la formation sur les sujets diplomatiques et sécuritaires.
Le stratégiste américain Stanley Greenberg est également de la partie. Une étude préalable entreprise par ce dernier montre que l’opinion a une vision encore plus négative de Tzipi Livni que de son successeur aux Affaires étrangères, Avigdor Liberman.
Selon le même sondage, les questions socioéconomiques arrivent en tête des priorités des électeurs. Le top 20 travailliste 1. Shelly Yacimovich 2. Isaac Herzog 3. Amir Peretz 4. Eitan Cabel 5. Meirav Michaeli 6. Binyamin Ben Eliezer 7. Hilik Bar 8. Omer Bar Lev 9. Stav Shaffir 10. Avishay Braverman 11. Arel Margalit 12. Itzik Shmouli 13. Miki Rosenthal 14. Michal Biran 15. Nachman Shaï 16. Moshé Mizrahi 17. Danny Atar 18. Raleb Majadele 19. Nadia Hilo 20. Nino Abesadze

 

 « Nous sommes là pour le changement » 

Yesh Atid dévoile sa liste électorale. Place aux femmes et aux minorités.

Yonah Jeremy Bob 

Le mystère est levé. Yesh Atid, le parti centriste de Yaïr Lapid, a dévoilé la totalité de sa liste électorale, dimanche 2 décembre, lors d’une conférence de presse à Shoham. Ainsi que son slogan : « Nous sommes là pour le changement ».

Près de la moitié des 20 premiers candidats sont des femmes. Un argument que la formation a voulu mettre en avant pour vanter son « nouveau type de politique », où l’on joint l’acte à la parole, plutôt que de se cantonner à un quota féminin symbolique. En tête de la gente féminine : Yaël German, maire d’Herzliya et forte tête du parti dans les médias.
La liste inclut également des candidats religieux : le rabbin Shaï Piron (numéro 2), le professeur Aliza Lavie (numéro 7) et le rabbin Dov Lipman (numéro 17). Elle compte aussi deux Ethiopiens : Pnina Tamnu- Shata et Shimon Solomon. Ce dernier, 11e, pourrait bien faire son entrée à la Knesset (les sondages donnent environ 10 sièges à Yesh Atid). Enfin, Salim Kador, issu de la communauté druze, occupe la 23e position.
Après la présentation des candidats, Yaïr Lapid s’est exprimé en déclarant la guerre « au cynisme, à ceux qu’il n’y a pas de raison d’essayer de changer, à ceux qui abandonnent et disent simplement que l’Etat s’est effondré ». Et de s’inquiéter à voix haute que « pour deux tiers des parents, peu importe si leurs enfants quittent leur pays ». Un chiffre « terrible » selon l’ancien journaliste, qui a souligné le besoin de changement. Il a présenté son équipe de candidats comme « venant de disciplines, de régions et d’horizons différents dans le pays ».
Mais « ils sont d’accord à 80 % », a continué Lapid, « et sur les 20 autres pour-cent, ils sont ouverts au dialogue ».
Le nouveau politicien a rappelé que les problèmes d’éducation sont si graves en Israël, qu’à la prochaine génération, « plus personne ne sera capable d’inventer des merveilles technologiques telles que Dôme de fer ». Puis a attaqué certains de ses adversaires qui ne se soucient que de leur réélection (en nommant directement le ministre du Logement Ariel Attias) ou cherchent avant tout à obtenir des fonds publics (en faisant référence à Tzipi Livni).
Lapid a également critiqué le secteur haredi pour ne pas faire l’armée, ou « au moins » le service civil, avant de rappeler l’importance de l’assistance aux rescapés de la Shoah. Enfin, il a déclaré que les Israéliens doivent cesser de « prétendre qu’il n’existe pas de conflit avec les Palestiniens », et que des actions sont nécessaires pour résoudre la situation.
De nombreuses spéculations médiatiques avaient entouré le dévoilement de la liste Yesh Atid.
Elles se sont avérées, pour la plupart, exactes.
L’offensive de Tzipi Livni 
L’ancienne dirigeante deKadima veut rassembler des membres de droite comme de gauche Une sérieusealternative au Premier ministre Binyamin Netanyahou.
Gil Hoffmann
C’est ainsi que l’ancienne dirigeante de Kadima, Tzipi Livni, cherche à sepositionner depuis le début de la semaine.
Elle a pour cela enrôlé deux membres du camp national-religieux dans sonnouveau parti : l’ancien commandant des Ressources humaines, le généralréserviste Elazar Stern, et l’ancien porte-parole de Netanyahou, Yoaz Hendel.Les deux hommes auront pour tâche de condamner la droitisation du Premierministre et de présenter Livni comme la seule alternative au centre.
« Le Likoud est devenu bien plus proche de ce qu’était l’Union nationale »,déclare ainsi un député soutenant la candidate. « Bon nombre de ses électeursne veulent pas d’un parti dominés par des habitants d’implantations.
Ils ne voteront jamais pour Shelly Yacimovich, mais peuvent choisir Livni,fille d’un député Likoud et héritière de la pensée de Jabotinsky.
3 à 4 sièges peuvent venir de là ».
Hendel aurait affirmé à Livni qu’il pouvait l’aider à enrôler le ministre DanMeridor, qui n’a pas obtenu de place réaliste sur la liste du Likoud. C’estégalement le cas du ministre sans portefeuille Benny Begin. Suite auxprimaires, Netanyahou a annoncé que, malgré ce résultat décevant, il nommeraitdirectement Begin dans son prochain gouvernement. Mais, selon Aroutz 10, l’élua fait savoir à Bibi qu’il n’accepterait son offre qu’à la condition queMeridor et Michael Eitan, également ministres sans portefeuille, fassent aussipartie du cabinet.
Interrogée sur les nouveaux arrivants, Livni a répliqué : « La condition pourrejoindre mon parti est de désirer un Etat juif et démocratique, nationalisteet libéral. Chacun devra soutenir ces valeurs ».
Le parti de Tzipi Livni est devenu une faction officielle de la Knesset, lundi3 décembre, alors que la Commission de la chambre devait approuver la scissionde Kadima. 7 députés du parti d’Ariel Sharon ont en effet annoncé leur départpour rejoindre leur ancienne dirigeante : Méïr Chitrit, Shlomo Molla, YoëlHasson, Majallie Whbee, Rachel Adatto, Robert Tibayev et Orit Zouaretz.
Familles politiques et loyauté « J’ai pensé que rejoindre Livni est la bonnechose à faire dans la situation actuelle, bien que je l’aie critiquée et mesois opposé à elle lors de la dernière élection interne à Kadima », expliqueChitrit. « J’ai toujours entretenu de bonnes relations avec elle. Elle a commisplusieurs erreurs que j’ai essayé, en vain, d’empêcher. Mais elle est la mieuxplacée pour se présenter contre Netanyahou et si tout le monde mettait sonorgueil de côté et que les partis de centre-gauche s’unissaient, nous pourrionspeut-être même renverser le gouvernement ».
En réaction, le Likoud a qualifié le parti de Livni de « camp de réfugiés » eta publié une série de citations passées de Chitrit, attaquant la politicienne.
D’autres personnalités ont rejoint le nouveau parti : Moshé Karadi, ancieninspecteur général de la police, Youval Elbashan, militant socioéconomique, etle journaliste Ben-Dror Yemini. L’ancien contrôleur d’Etat, MichaLindenstrauss, a décliné l’offre de l’ancienne ministre.
Livni a également annoncé que Méïr Chitrit serait bien placé sur sa listeélectorale, en tant que député qui dispose du plus d’ancienneté. L’ancienleader travailliste et actuel maire des deux villes Haïfa et Yerouham, AmramMitzna, sera son numéro 2. Ce dernier, réchappé du parti Avoda, a justifié sonchoix en attaquant Shelly Yacimovich, contre laquelle il s’était présenté auxprimaires travaillistes l’année dernière : « On dit souvent qu’on ne peut pasquitter sa famille politique. Mais c’est la première fois que ma famillepolitique ne mène plus le camp de la paix. Je suis convaincu que si nousn’obtenons pas d’accord avec les Palestiniens, il n’y aura plus d’Etatdémocratique à majorité juive.
Pour la première fois, le parti travailliste ne parle plus de faire la paix etne propose plus de véritable alternative au gouvernement de droite menée parNetanyahou ».