Le parti national religieux a un nouveau nom

Naftali Bennett rêvait d’une liste jeune et laïque pour attirer un électorat moins pratiquant. Mais les électeurs en ont décidé autrement...

Naftali Bennett et son épouse votent aux primaires de HaBayit HaYehoudi (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Naftali Bennett et son épouse votent aux primaires de HaBayit HaYehoudi
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
«HaBayit HaYehoudi dirigera bientôt le pays. » C’est en ces termes que Naftali Bennett s’est adressé à ses partisans, après l’annonce des résultats définitifs des primaires de son parti jeudi 15 janvier.
A la première place, le chef de file de la formation a été réélu à 90 % des voix. Derrière lui, le ministre de la Construction Ouri Ariel, parachuté à la deuxième place pour être le chef de Tekouma, une formation qui se présente avec HaBayit HaYehoudi. En 3e position, la directrice du parti et proche alliée de Bennett, Ayelet Shaked, qui a reçu plus de voix que n’importe quelle autre candidate à des primaires. Puis viennent le ministre adjoint aux Affaires religieuses Eli Ben Dahan, le président du comité des Finances de la Knesset Nissan Slomansky et le ministre des retraités Ouri Orbach. A la 7e place, réservée par le leader du parti, le journaliste Ynon Magal. Puis les députés Shouli Moalem-Refaeli, Betzalel Smotrich de Tekouma, et Mordehaï Yoguev.
« Il y a ceux qui pensent que nous devons présenter des excuses pour vivre sur la terre de nos ancêtres. Ils se sont perdus en chemin il y a longtemps. Le peuple d’Israël veut retrouver sa fierté nationale, relever la tête et arrêter de s’excuser », a clamé Bennett. « Les terroristes ne méritent pas un Etat », a-t-il affirmé, soulignant que HaBayit HaYehoudi est le seul parti qui ne soutient pas l’idée d’un Etat palestinien. Un discours de victoire qui cachait cependant une certaine insatisfaction.
Ces derniers jours, Naftali Bennett s’en est pris à la liste commune formée par le parti travailliste et Hatnoua, la surnommant « l’alignement », en référence au nom qui avait été donné au parti travailliste de 1965 à 1968 et de 1969 à 1991. Bennett insinuait par là que la gauche est restée bloquée quelque part dans les années quatre-vingt-dix. Mais après l’annonce des résultats des primaires de HaBayit HaYehoudi, Itzhak Herzog et Tzipi Livni peuvent lui renvoyer la balle et surnommer sa formation « le parti national religieux », du nom qu’il portait de 1956 à 2008.
Naftali Bennett aura tout fait pour promouvoir une image jeune et moderne de son parti. Son objectif était d’attirer tous les sympathisants de droite, avec ou sans affiliation religieuse. C’est pourquoi il a ostensiblement soutenu la campagne de Ronen Shoval, fondateur de l’association sioniste Im Tirtsou, 35 ans et sans kippa. Il a également ouvertement appuyé la candidature de Dany Dayan, ancien président du Conseil des implantations juives de Judée-Samarie et de la bande de Gaza, qui même s’il n’est pas le plus jeune de la liste, est également non pratiquant.
Une liste résolument sioniste religieuse
Mais ses efforts n’ont pas porté leurs fruits. Dany Dayan n’est pas parvenu à se hisser à une position éligible. Ronen Shoval occupe la 16e place sur la liste, ce qui lui laisse peu de chances d’entrer à la Knesset, puisque, selon les récents sondages, le parti est crédité de 15 ou 16 sièges. Dans le top 10, à l’exception d’Ayelet Shaked et de l’ancien journaliste Ynon Magal, à qui Bennett a réservé la place, la liste semble dominée par des figures religieuses.
Trois députés de Tekouma ont des places réservées sur la liste commune : le ministre de la Construction Ouri Ariel est en 2e position juste après Bennett ; Bezalel Smotrich, le fondateur de Regavim – arrêté et interrogé en 2005 par les services de sécurité de Shin Bet pour avoir projeté de bloquer des artères principales pour empêcher le retrait du Goush Katif – est 9e ; et la députée Orit Struck, 15e. Le député Motti Yoguev, une épine dans le pied de Bennett, est arrivé à la 10e place. En plus de ces candidats bien ancrés dans la droite religieuse, HaBayit HaYehoudi compte également deux rabbins : le ministre adjoint aux Affaires religieuses Eli Ben Dahan et l’ancien rabbin de Tsahal, Avihaï Rontski. Les deux sont religieux, ouverts certes, mais pas sûr qu’ils parviennent à séduire un électorat laïque.
La liste de Bennett souffre également d’une grande majorité de candidats ashkénazes. La crainte : que les électeurs séfarades préfèrent rejoindre le nouveau parti d’Eli Yshaï, Yahad Haam Itanou, sous l’impulsion du député Yoni Chetboun, ou le Likoud, s’ils sont moins religieux.
De nombreux analystes estimaient cette semaine que Bennett pourrait envisager de modifier la liste. Et d’utiliser son droit de nommer deux candidats pour promouvoir des figures plus laïques et plus jeunes La grande question est : qu’adviendra-t-il de Yehoudit Shilat ? A 60 ans, la directrice du forum Takana contre les abus sexuels a le profil PNR qui déplaît à Bennett. Mais, étant la troisième femme à avoir recueilli le plus de voix, elle devrait, selon les règles du parti, être projetée à la 15e place, réservée à une femme. A moins que le chef de HaBayit HaYehoudi ne décide de nommer à cette position une candidate plus jeune et moins religieuse…
Quoi qu’il en soit, cela ne suffira pas à cacher ce qui saute aux yeux : HaBayit HaYehoudi est le parti national religieux, juste sous un nouveau nom.
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