Petit guide de l'électeur indécis

Selon les dernières estimations, ils sont encore près de 20 % à hésiter. A quelques jours à peine du scrutin, l’électeur indécis n’a pas encore choisi son camp. Quel bulletin glissera-t-il dans l’urne le 17 mars, quand l’heure de trancher sera arrivée ? Des voix qui risquent bien de faire pencher la balance

Impression des bulletins de vote (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM)
Impression des bulletins de vote
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM)

 A l’annonce de la tenue de ces élections anticipées, tous prévoyaient une campagne ennuyeuse et superflue. Puis elle a rapidement pris l’allure d’un référendum sur l’avenir de Benjamin Netanyahou ; mérite-t-il, oui ou non, de rester à la tête du pays ? On a beaucoup parlé de bouteilles vides et de tapis élimés, de la crise du logement, du discours au Congrès et du nucléaire iranien, sans trop entrer dans les détails des programmes politiques des différents partis en lice. Et ce, pour la bonne raison qu’aucun d’entre eux n’a réellement présenté un programme détaillé. A quelques jours du scrutin, le Jerusalem Post propose aux indécis une petite compilation des grandes lignes des programmes électoraux des principaux partis.

 

Le Camp sioniste

Position dans les sondages : 24 mandats

Plate-forme diplomatique : le parti s’engage à sortir Israël de son isolement dans l’arène internationale, à restaurer les relations avec les Etats-Unis et l’Europe et à fédérer le monde dans la guerre qu’il mène contre le terrorisme. Le chef du parti Itzhak Herzog s’est engagé à « relancer un processus de dialogue avec nos voisins palestiniens, basé sur une plate-forme régionale », ainsi qu’à « restaurer notre relation unique et spéciale avec Washington ». Herzog n’a pas précisé quelles concessions son parti serait prêt à faire dans le cadre d’un accord de paix, en dehors du fait que la vallée du Jourdain sera la frontière sécuritaire d’Israël à l’Est et qu’il conservera les principaux blocs d’implantations. Mais qu’en sera-t-il de Jérusalem et de la question des réfugiés ?

Plate-forme socio-économique : le parti propose la planification de 300 000 unités de logements qui seront commercialisées au rythme de 50 000 à 60 000 par an. Il promet de réduire le coût des soins médicaux, de l’éducation et des produits alimentaires de base pour chaque foyer israélien, et d’allouer 2 milliards de shekels d’aides aux citoyens du troisième âge dans le besoin.

 

Le Likoud

Position dans les sondages : 22 mandats

Plate-forme diplomatique : le chef du parti Benjamin Netanyahou affirme que la priorité du prochain gouvernement sera d’empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire en persuadant l’opinion internationale de maintenir et d’intensifier les sanctions économiques et diplomatiques contre Téhéran. Le Likoud se dit prêt à faire des concessions pour la paix dans le cadre d’un accord fiable. Mais l’actuel Premier ministre s’est clairement exprimé contre des retraits supplémentaires de territoires, contre la libération de prisonniers ou une quelconque division de Jérusalem.

Plate-forme socio-économique : le Likoud prône une « économie de marché libre avec une sensibilité sociale ». L’accent sera mis sur la discipline budgétaire, la stabilité du marché boursier, la croissance du secteur privé et la baisse des taxes. Netanyahou a certifié que lors de son prochain mandat, il mettra en application les recommandations du contrôleur de l’Etat Yossef Shapira pour résorber la crise du logement et améliorer le statut des travailleurs indépendants.

 

Yesh Atid

Position dans les sondages : 13 mandats

Plate-forme diplomatique : Yesh Atid considère qu’Israël est l’Etat-nation du peuple juif et doit conserver une majorité juive et des frontières défendables. Un accord de paix qui permettra à l’Etat hébreu de se séparer des Palestiniens et assurera sa sécurité sur le long terme ne pourra être le fruit que d’une vision régionale, qui inclura l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et les Etats du Golfe. Le parti insiste sur le fait qu’Israël doit aujourd’hui faire face à de nombreuses menaces sécuritaires, la première étant le programme nucléaire iranien. Jérusalem ne peut laisser la République islamique devenir un Etat au seuil du nucléaire et doit tout mettre en œuvre pour empêcher un tel scénario de se réaliser, en accord avec la communauté internationale si possible, et de façon unilatérale si nécessaire.

Plate-forme socio-économique : la plate-forme économique de Yesh Atid se base sur le budget 2015 proposé par le chef du parti, l’ancien ministre des Finances Yaïr Lapid, qui prévoyait l’allocation de 10 milliards de shekels dans les budgets de l’éducation, de la santé et des affaires sociales. Lapid prône une politique économique juste, qui prend la défense de la classe moyenne et des plus démunis et parvient à réduire les écarts sociaux, tout en renforçant les marchés et en encourageant la croissance. Pour qu’un tel modèle réussisse, le parti entend investir dans l’industrie, aider les petites et moyennes entreprises, promouvoir l’innovation, combattre le marché noir et tout mettre en œuvre pour rendre l’argent au peuple.

La Liste arabe unie

Position dans les sondages : 13 mandats

Plate-forme diplomatique : les quatre partis qui composent la liste ont des positions différentes sur les questions diplomatiques. Leur plate-forme commune appelle à un accord de paix juste sur la base des résolutions de l’ONU ; à la fin de l’occupation de tous les territoires qu’Israël a conquis en 1967 ; au démantèlement de toutes les implantations et de la barrière de sécurité ; à la libération de tous les « prisonniers politiques » et à la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale. La liste exige une solution juste à la question des réfugiés palestiniens, une solution qui garantira le droit au retour et accordera aux citoyens arabes israéliens l’autonomie sur les questions culturelles religieuses et éducatives. La liste arabe unie se battra pour un Israël et un Moyen-Orient sans arme nucléaire.

Plate-forme socio-économique : la liste exige une égalité totale dans le budget de l’Etat entre les municipalités et institutions juives et arabes, et prône l’augmentation du salaire minimum à 60 % du salaire moyen.

 

HaBayit HaYehoudi

 

Position dans les sondages : 12 mandats

Plate-forme diplomatique : HaBayit HaYehoudi est le seul parti qui s’oppose à la création d’un Etat palestinien à l’Ouest du Jourdain. Il rejette également la solution d’un seul Etat, considérant qu’annexer la totalité de la Judée-Samarie – avec l’ensemble de sa population arabe – est infaisable et dangereux. Le parti défend en revanche l’annexion de la zone C, et la concession de l’autonomie aux Palestiniens dans les zones A et B. Le chef du parti Naftali Bennett prône le principe de « paix économique » et œuvrera pour améliorer la situation économique et la qualité de vie des résidents de Judée-Samarie.

Plate-forme socio-économique : le parti s’engage à promouvoir la compétition, à briser les monopoles et à baisser les taxes pour la classe moyenne. Pour encourager la création de nouvelles entreprises, il entend doubler les avantages qui leur sont octroyés, les autoriser à emprunter jusqu’à 85 % de leur coût de départ et réduire la bureaucratie.

 

Koulanou

Position dans les sondages : 8 mandats

Plate-forme diplomatique : Koulanou s’engage à promouvoir une solution au conflit israélo-palestinien grâce à la collaboration des différents acteurs régionaux et internationaux. Jérusalem devra rester la capitale d’Israël, qui conservera également les principaux blocs d’implantation, et s’opposera au droit au retour des réfugiés palestiniens. Le parti fera également tout pour renforcer les relations de Jérusalem avec l’administration Obama.

Plate-forme socio-économique : Moshé Kahlon veut alléger le processus de construction des appartements, qui s’étend aujourd’hui sur 7 à 13 ans, de l’étape de la planification à celle la construction, en passant par l’octroi des licences et la mise en vente. Il prône la levée des barrières bureaucratiques pour accélérer la construction urgente de 250 000 unités de logement actuellement au stade de la planification. Il s’engage également à réduire le coût de la vie en encourageant plus de compétition dans l’industrie alimentaire. Kahlon entend réduire les frais bancaires pour les ménages et faciliter le crédit pour les petites entreprises, en encourageant la compétition entre les banques, la création de nouveaux établissements bancaires et en levant les obstacles aux transferts de comptes d’une banque à l’autre.

 

Shas

Position dans les sondages : 7 mandats

Plate-forme diplomatique : le chef du parti Arye Deri affirme qu’il n’y a actuellement pas de partenaire côté palestinien, c’est pourquoi le prochain gouvernement devra selon lui se concentrer sur les problèmes socio-économiques.

Plate-forme socio-économique : Deri défend l’augmentation du salaire horaire minimum à 30 shekels et la réduction de la TVA sur les produits de base. Son objectif, augmenter les revenus des ménages de 1 500 shekels par mois, ce qui sortirait une grande partie d’entre eux de la pauvreté. Il exige que 7,5 % de tout projet de logement soit consacré au logement social.

 

Yahadout Hatorah

 

Position dans les sondages : 6 mandats

Plateforme socio-économique : Yahadout Hatorah exigera une solution à la pénurie du logement dans le monde harédi en favorisant les logements sociaux. Pour encourager la croissance, le parti prône le développement du secteur privé. Il s’attachera également à ce que l’économie israélienne prenne en compte les valeurs du judaïsme.

 

Meretz

Position dans les sondages : 6 mandats

Plate-forme diplomatique : la chef de file du parti Zehava Gal-On soutient la solution de deux Etats pour deux peuples, un retour aux frontières de 1967 avec échange de territoires et la fin du conflit grâce à une solution régionale sur la base du Plan de paix arabe. Le parti considère la reconnaissance d’un Etat palestinien par l’ONU comme une étape vers la reprise des négociations et appelle à l’arrêt immédiat des constructions dans les implantations, et au retrait graduel et coordonné du blocus maritime sur la bande de Gaza.

 

Plate-forme socio-économique : Meretz défend l’idée d’un Etat providence. Une vision travailliste forte, qui accentue le pouvoir des employés et réduit l’influence des magnats. Le parti croit en une politique macroéconomique dont l’objectif principal est de créer une société égalitaire. Il œuvrera pour la réforme des politiques de taxation dans le but de réduire les inégalités de marché, ainsi que pour la réduction du budget de la défense et des investissements « disproportionnés » dans les implantations.

Israël Beiteinou

Position dans les sondages : 5 mandats

Plate-forme diplomatique : le parti prône un accord régional global qui inclura les Palestiniens, les pays arabes et les Arabes israéliens. Avigdor Liberman défend un échange territorial qui autorisera les Arabes israéliens qui se considèrent Palestiniens à rejoindre un futur Etat palestinien et à renoncer à leur identité israélienne. L’Etat hébreu pourrait même les encourager à faire ce choix, par des motivations économiques. Les Arabes israéliens de la région de Wadi Ara pourront devenir citoyens du nouvel Etat palestinien sans quitter leurs domiciles.

Plate-forme socio-économique : les couples dont les deux conjoints travaillent et ont servi dans l’armée – ou ont fait leur service national – recevront un prêt à hauteur de 90 % de l’apport nécessaire à l’achat d’un premier appartement. Israël Beiteinou exige également que l’Etat subventionne les activités parascolaires jusqu’à 17 heures pour les enfants âgés de six mois à six ans.

 

Yahad

Position dans les sondages : 4 mandats

Plate-forme diplomatique : le chef du parti, Eli Yishaï, s’oppose à tout retrait de la Terre d’Israël et s’opposera à tout gel de la construction dans les implantations.

Plate-forme socio-économique : Yahad œuvrera pour la réduction des écarts sociaux. Surtout, il s’opposera aux sanctions économiques contre les objecteurs de conscience harédim. 

 

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