Enterrer la hache de guerre

Le nouveau ministre des Affaires de Jérusalem Zeev Elkin aspire à laisser de côté le conflit suscité par sa nomination, pour se mettre au travail

Le ministre Zeev Elkin (photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Le ministre Zeev Elkin
(photo credit: MARC ISRAEL SELLEM/THE JERUSALEM POST)
Alors que la municipalité fulmine encore suite à la décision du chef du gouvernement de nommer un ministre des Affaires de Jérusalem, Zeev Elkin, qui vient de prendre ses fonctions, semble se remettre de l’agitation que sa nomination a causée.
Né en Ukraine en 1971, ancien membre du Bnei Akiva, Elkin devient secrétaire en 1990 de la branche soviétique du mouvement de jeunesse religieux, juste avant de faire son aliya. Doté d’un baccalauréat en mathématiques et d’une maîtrise en histoire obtenue à l’Université hébraïque de Jérusalem en 1994, il est ensuite impliqué dans l’éducation juive au sein de l’ex-Union soviétique.
C’est en 2006 qu’il est élu à la Knesset pour la première fois, sur les listes de Kadima. Il préside alors la sous-commission parlementaire chargée de l’intégration des enfants et des jeunes immigrants. En novembre 2008, il décide de quitter Kadima, qu’il considère avoir trop viré à gauche, et rejoint le Likoud pour les élections de 2009. Réélu en 2013, il officie comme vice-ministre des Affaires étrangères de mars 2013 à juin 2014, avant de diriger la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset. Suite aux résultats des dernières législatives, en mars 2015, il est nommé ministre de l’Intégration et des Affaires de Jérusalem.
Elkin, marié et père de trois enfants, ne voit rien de mal à sa nomination. Pour lui, le maire de la capitale Nir Barkat devrait mettre son ressentiment de côté et se mettre au travail, dans l’intérêt de Jérusalem. Depuis son bureau du ministère de l’Intégration, rue Kaplan , cet habitant de Kfar Eldad, dans le Goush Etzion, raconte comment il est devenu ministre des Affaires de Jérusalem, et expose ses plans pour la ville.
Comprenez-vous la colère Nir Barkat à propos de votre nomination ?
Je la comprends, mais je ne pense pas qu’elle soit judicieuse. Le fait est que Barkat voulait être ministre des Affaires de Jérusalem, et, incidemment, je pense qu’il a raison. Si nous tenons à affirmer notre attachement à la capitale, il serait normal, que dans tous les gouvernements futurs, le ministre des Affaires de Jérusalem soit également le maire de la ville.
Je sais que de réels efforts ont été entrepris pour convaincre les députés de contourner la loi actuelle qui interdit à un maire d’être ministre. Nous aussi, au Likoud, nous avons vraiment essayé, mais cela n’a pas fonctionné. Nous n’avons pas réussi à obtenir une majorité de votes.
Barkat a alors proposé que le portefeuille des Affaires de Jérusalem reste sous la compétence du Premier ministre, et que lui, en tant que maire, traite directement avec le chef du gouvernement ou son représentant pour coordonner les questions qui concernent la capitale. Barkat privilégiait cette solution parce qu’il s’était beaucoup plaint du manque de compatibilité entre lui et l’ancien ministre des Affaires de Jérusalem, Naftali Bennett.
Les médias avaient reçu un communiqué de presse du bureau du Premier ministre, à l’occasion de Yom Yeroushalayim, annonçant que le portefeuille demeurerait bel et bien au sein du cabinet du Premier ministre. Que s’est-il donc passé ?
Vous touchez le problème du doigt. Au cours des négociations de coalition, on pensait que le portefeuille resterait entre les mains de Bennett, qui a d’abord refusé d’y renoncer. Mais il a finalement changé d’avis, juste avant que le gouvernement ne soit formé. Il a reçu – pour son parti – le ministère de la Justice, et a donc dû se séparer du ministère des Affaires de Jérusalem.
Quand le Premier ministre a annoncé que les affaires de Jérusalem seraient confiées à un député Likoud, personne ne s’attendait à ce que le chef du gouvernement lui-même gère ces questions sur une base régulière mais que quelqu’un de son propre parti, proche de lui et fiable le fasse. Ce que je tiens à souligner, c’est que tout au long des négociations, il était clair que le portefeuille serait confié à un tiers.
Tout cela n’est donc que le fruit des délicates manœuvres pour la construction de la coalition ?
Lorsque Guilad Erdan a rejoint le gouvernement, le Premier ministre a dû redistribuer les portefeuilles. On m’a demandé de lui céder le ministère des Affaires stratégiques, en échange du ministère des Affaires de Jérusalem. J’ai accepté parce que je considère le sujet intéressant et important. Si on m’avait demandé dès le début si je voulais le ministère des Affaires de Jérusalem, j’aurais acquiescé d’emblée.
Pourquoi est-ce si important pour vous ? Que pouvez-vous apporter à Jérusalem ?
J’ai passé presque toute ma vie depuis mon aliya, soit à Jérusalem soit à proximité. Depuis mon entrée à la Knesset, dès le premier jour, j’ai rejoint le lobby pour Jérusalem que j’ai présidé pendant de nombreuses années. J’ai travaillé main dans la main avec Nir Barkat, qui m’a aidé de manière significative sur plusieurs questions, notamment en soutenant mes demandes pour un financement intensifié et en m’aidant à augmenter le nombre d’adjoints au maire [de six à huit] pour faciliter mon projet de coalition élargie. J’ai toujours été impliqué, et je me suis toujours soucié de la ville.
Que pensez-vous qu’il va se passer maintenant ?
Vous savez, avant les dernières élections municipales [en octobre 2013], on m’a conseillé de concourir pour la municipalité. Plusieurs personnes me l’ont suggéré, y compris des personnalités influentes de la ville. J’ai répondu par la négative immédiatement, je leur ai dit que je ne me présenterais jamais tant que Nir sera candidat. J’avais pourtant de bonnes chances de le battre, et je le lui avais dit.
Pensez-vous que les choses vont rapidement se tasser ?
Une grande majorité de la Knesset a approuvé ma nomination, ce qui signifie que même au-delà de la coalition, une large majorité des députés estime que je suis la bonne personne pour le poste. Bien sûr, Barkat et moi, nous aurons à travailler ensemble – j’ai reçu l’entière responsabilité de la plupart des donations juives allouées au développement et à la croissance de la ville. Maintenant, ce qu’il nous reste à faire, c’est de coopérer. Et je suis prêt à laisser de côté toutes les insultes entendues ces derniers jours.
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