La lune de miel sera courte

Si le dossier israélo-palestinien n’a pas été un sujet de fond de la campagne électorale, il risque de revenir sur le devant de la scène dès le lendemain du scrutin

Mahmoud Abbas (photo credit: REUTERS)
Mahmoud Abbas
(photo credit: REUTERS)
Israël retient son souffle jusqu’au 17 mars. Pendant ce temps, dans les couloirs de la diplomatie internationale, l’impatience atteint son paroxysme. La lune de miel du prochain gouvernement, quel qu’il soit, sera courte. Les Etats-Unis et l’Union européenne n’attendront pas que ce dernier rassemble ses esprits et ils exigeront de nouveaux développements dans le cadre du conflit avec les Palestiniens. C’est ce qu’ont révélé des officiels européens sous couvert d’anonymat. Israël devra immédiatement convaincre ses partenaires sur la scène internationale de son intention de poursuivre la solution de deux Etats pour deux peuples, ont-ils ajouté.
La Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Federica Mogherini garde, « dans l’attente d’un moment stratégique », la mise en place de mesures basées sur les conclusions du Conseil de 2012 concernant le label des produits fabriqués dans les implantations de Judée-Samarie. Dans le même temps, les fonctionnaires européens travaillent à Bruxelles à un menu de sanctions potentielles qui seront imposées à Israël si ce dernier relance par exemple la construction dans des zones jugées sensibles, ou prend une quelconque décision qui, selon l’UE, mettrait en péril la solution de deux Etats. Mogherini s’apprête à nommer dans les prochains jours un nouvel envoyé spécial dans la région, dans ce qui semble être l’expression d’une volonté de montrer plus d’implication dans le processus diplomatique, Andreas Reinicke ayant quitté son poste en décembre 2013.
La France, quant à elle, propose la tenue d’un sommet – dans l’esprit de celui de Madrid en 1991 ou de la Conférence d’Annapolis en 2007. Paris réalise pourtant qu’après avoir voté en faveur de la résolution pour la reconnaissance d’un Etat palestinien au Conseil de sécurité de l’ONU en décembre dernier, les chances que Jérusalem accepte une telle invitation sont faibles. Israël risque bien d’exiger qu’un tel événement soit organisé par un pays « plus amical ». En outre, selon les mêmes diplomates, Paris n’aurait pas abandonné l’idée d’initier une nouvelle résolution au Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant l’existence d’un Etat palestinien dans un nombre d’années défini, comme un moyen de pression sur Israël au cas où il n’y aurait pas d’avancée prochaine dans les négociations.
Et pendant ce temps, le parlement italien s’apprête à voter dans les prochains jours une résolution non contraignante exhortant le gouvernement de Rome à reconnaître l’existence d’un Etat palestinien. Si cette résolution est approuvée, le parlement italien rejoindra les assemblées britannique, irlandaise, portugaise, espagnole, française et européenne, qui ont déjà voté une telle mesure.
Profitant de ce climat, l’Autorité palestinienne revient sur le devant de la scène et affirme être au bord du gouffre. Le secrétaire d’Etat américain s’est dit « très préoccupé » samedi 21 février par les problèmes économiques affrontés par Ramallah. « Si l’Autorité palestinienne devait cesser de coopérer en matière de sécurité ou même décider de se démanteler en raison de ses difficultés économiques – et cela pourrait arriver à l’avenir si elle ne reçoit pas de recettes complémentaires – nous serions confrontés à une nouvelle crise, qui pourrait avoir des conséquences sur la sécurité des Palestiniens et des Israéliens », a prévenu John Kerry.
Jérusalem n’a pas reversé depuis deux mois les 100 millions de taxes mensuelles collectées pour le compte de l’AP, en réponse à l’initiative palestinienne de rejoindre la Cour pénale internationale. Mais un officiel israélien a affirmé dimanche que l’AP n’était pas au bord de la faillite : « Nous pensons que les gens devraient se concentrer sur le fait que l’Autorité palestinienne a enfreint son engagement au processus de paix en s’adressant au Conseil de sécurité et à la Cour pénale internationale », et en déclarant « une guerre diplomatique » à Israël.
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