Split et Dubrovnik : les perles de la Croatie

Voilà plus de 2000 ans que l’histoire juive est mêlée à celle de ces deux villes de la côte dalmate

La frorteresse Saint-Laurent à Dubrovnik (photo credit: DR)
La frorteresse Saint-Laurent à Dubrovnik
(photo credit: DR)

Les croisières de Voyages vers l’Antiquité mettent l’accent sur les civilisations du pourtour  méditerranéen. Un travail fantastique tout à leur crédit.

La compagnie s’adresse aux touristes qui souhaitent en apprendre davantage sur les civilisations  égyptienne, minoenne, juive, phénicienne, grecque, romaine, byzantine, vénitienne ou ottomane.  L’Aegean Odyssey est son seul navire. Il sillonne la Méditerranée orientale, la mer Egée, la mer  Adriatique et la mer Noire. Sa taille relativement petite lui permet de visiter les ports inaccessibles  aux grands paquebots de croisière.
Construit en 1972 et récemment rénové de fond en comble, l’Aegean Odyssey peut accueillir un  maximum de 380 passagers. Selon le trajet choisi, il fait escale dans les ports italiens, grecs, turcs,  croates, égyptiens, israéliens, libanais et ceux des côtes de la mer Noire. En hiver, le navire croise le  long de la côte est-africaine, de l’Inde et de l’Extrême-Orient.
La plupart des croisières s’appuient, à grand renfort de marketing, sur leurs magasins chics, leurs  séances photos hors de prix et leurs casinos. Pas l’Aegean Odyssey et personne ne saurait s’en  plaindre ! Au contraire, tout est ici exemplaire. L’équipage est aimable et accueillant. Deux  restaurants à bord : un buffet self-service et le second plus formel. Tous deux proposent une  excellente cuisine gastronomique, et le service est irréprochable. On y trouve également un spa et  centre de remise en forme, et le soir, une animation musicale autour d’un cocktail permet de se  détendre.
Le navire possède une remarquable bibliothèque de référence, bourrée de livres sur l’archéologie,  l’histoire, l’art, la culture, l’architecture et la philosophie de tous les pays le long de son parcours.  Des experts universitaires en histoire, art et civilisation gréco-romaine de différentes universités  donnent, presque tous les jours, des conférences approfondies sur des aspects spécifiques des ports  visités. Une ou deux d’entre elle étaient exceptionnelles.
A l’ombre de Rome
Notre voyage a commencé à Venise où nous avons embarqué, avec des escales le long de la côte  dalmate, la Sicile et Sorrente, pour s’achever à Civitavecchia, près de Rome. En Dalmatie, les vents  nous ont menés à Split et Dubrovnik, pour deux étapes d’un intérêt majeur. La première est entrée  dans l’histoire comme une colonie romaine, et a vécu ses plus belles années sous domination  vénitienne. Dubrovnik, en revanche, a été longtemps une république indépendante.
Située sur la côte orientale de la mer Adriatique, la Dalmatie fait aujourd’hui partie intégrante de la  Croatie. Les incursions romaines dans la région commencent près de 150 ans avant l’ère commune.  La Dalmatie finit par se soumettre et intègre l’Empire romain, avec Salona pour capitale.
L’empereur romain Dioclétien, né en Dalmatie, règne de 284 à 305 de notre ère. Pour stabiliser  économiquement, politiquement et militairement son vaste empire, il le divise en quatre régions  administratives distinctes, chacune régie par un co-empereur.Il est le seul empereur romain à avoir abdiqué volontairement. Il se construit un palais de retraite  dans l’actuelle ville de Split, à quelques kilomètres de Salona.
Les Juifs arrivent en Dalmatie dans le sillage des armées romaines. Contrairement à ses nombreux  successeurs, Dioclétien entretient de bonnes relations avec ses administrés hébreux. Des objets juifs  datant de l’époque romaine ont été découverts à Salona, attestant de la présence juive dès cette  période. Ces éléments, notamment les lampes à huile en céramique et un fragment de sarcophage  juif, sont exposés au musée archéologique de Split.
Après la chute de Rome, au Ve siècle, la Dalmatie passe temporairement sous la coupe des Goths,  avant d’être rendue à l’Empire byzantin. Les Slaves et autres envahisseurs détruisent la ville aux VIe  et VIIe siècles.Les Juifs, de concert avec la population locale, se réfugient à Split et s’installent à l’intérieur des  murs du palais de Dioclétien, tombé à l’abandon. Les prémices de la cité médiévale de Split datent  de cette époque.
Avec l’effondrement de l’Empire byzantin, la Dalmatie tombe sous l’influence de Venise, la puissance  dominante de l’époque. A l’exception de Dubrovnik, Venise contrôle la plus grande partie de la  Dalmatie de 1420 à 1797. C’est une ère prospère pour Split et Dubrovnik devenus des ports  florissants. Après leur expulsion d’Espagne en 1492, de nombreux Juifs traversent la Dalmatie à la recherche  d’un refuge dans l’Empire ottoman. Certains sont autorisés à s’installer dans ces villes attrayantes,  où règne une relative tolérance face à l’afflux des réfugiés juifs.
Liberté, égalité, massacre
En 1797, Napoléon Bonaparte s’empare de Venise. Huit ans plus tard, il annexe la Dalmatie, dont  Split, et en 1808 la ville de Dubrovnik elle-même. Sous le régime français, les Juifs se voient dotés  de droits civiques pour la première fois, et toutes les mesures restrictives qui pesaient jusque-là sur  eux sont annulées.
Après la défaite de Napoléon, cependant, la carte de l’Europe est redessinée au Congrès de Vienne,  en 1815. La Dalmatie devient une province de l’Empire austro-hongrois, et l’égalité juridique des  Juifs leur est de nouveau retirée. Leur émancipation complète n’interviendra que plus tard au  XIXe siècle.
A la fin de la Première Guerre mondiale, avec la désintégration de l’Empire austro-hongrois, l’Italie  conserve une grande partie de la Dalmatie, et le reste est rattaché à la Yougoslavie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Croatie est un allié fasciste consentant et un état pro-nazi  indépendant. Le régime oustachi, farouchement antisémite, d’Ante Pavelic, dirige l’un des états  fantoches nazis le plus brutal. Dubrovnik et Split sont d’abord occupées par les Italiens, qui  n’autorisent pas les déportations en masse.
De nombreux réfugiés juifs d’Europe de l’est traversent en effet ces deux villes. En novembre 1942,  sur l’insistance des Allemands, les Italiens internent tous les Juifs avant de les transférer au camp de  concentration de l’île de Rab, au nord de la Dalmatie.
L’Italie fasciste capitule en septembre 1943. Dans le bref intervalle entre la capitulation italienne et  l’occupation allemande, plusieurs centaines de Juifs rejoignent les partisans ou traversent  l’Adriatique dans de petits bateaux en direction de l’Italie. Les déportations juives commencent  véritablement avec l’arrivée des Allemands et des Oustachis. Les Juifs restés sur l’île de Rab sont  envoyés dans les camps d’extermination.
Pendant la Shoah, les Oustachis assassinent environ 32 000 Juifs (dont 20 000 Croates parmi les  25 000 que comptait la population juive d’avant-guerre). Beaucoup ont trouvé la mort dans le  fameux camp de Jasenovac, surnommé l’Auschwitz des Balkans. Là, pas de chambres à gaz, mais  des assassinats au couteau, à la hache, à coups de marteau ou au chalumeau. Les Oustachis  massacrent également la population serbe de Croatie, faisant des centaines de milliers de victimes.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Croatie passe sous le giron de la Yougoslavie socialo- communiste du maréchal Tito, et ne rendra jamais les comptes de son triste passé. Après la mort  de Tito en 1980, les tensions renaissent entre les différentes républiques yougoslaves.
En 1990, Franjo Tudjman et son parti de droite ultranationaliste remportent les élections générales  croates. Il réintroduit alors les symboles oustachis comme le drapeau et la kuna – l’ancienne  monnaie encore utilisée aujourd’hui. La police porte des uniformes étonnamment semblables à ceux  des tristement célèbres fascistes. Tout cela représente une menace majeure pour la minorité serbe  croate, et la guerre civile éclate en 1991. L’armée yougoslave vient à la rescousse pour séparer les  factions serbes et croates en guerre, et après un énorme bain de sang, un cessez-le-feu est signé  en 1992.
Sous le régime de Tudjman, la Croatie indépendante est condamnée par Israël et une partie de la  communauté internationale, pour avoir célébré, à Split et à Zagreb, la mémoire de Pavelic, et  renommé les rues en souvenir de criminels de guerre oustachis. Aujourd’hui, environ 2 500 Juifs  vivent en Croatie, la majorité à Zagreb, la capitale. La communauté est, pour la plupart, largement  assimilée.
Les caves de Dioclétien
Split est la plus grande ville de Croatie après Zagreb. Elle compte près de 200 000 habitants. A Split,  autour de son palais, Dioclétien construit une véritable ville romaine fortifiée. Le terrain descend en  pente vers la côte, et la mer vient lécher les murailles.
Les ingénieurs de Dioclétien ont pour cela dû niveler le secteur et bâtir de solides fondations pour  soutenir le palais et les différentes structures en surplomb. Celles-ci sont formées de caves voûtées  en gros blocs de pierre étayées par de massifs piliers – un système qui n’est pas sans rappeler la  partie sud du mont du Temple à Jérusalem, où Hérode a eu recours à un système d’arches similaire  pour maintenir l’esplanade à niveau.
Les caves souterraines de Dioclétien abritent aujourd’hui des boutiques, des magasins de souvenirs  et des expositions. Plusieurs menorahs, gravées au cœur de la pierre, attestent d’une présence juive  à Split dès cette époque.
La vieille ville fortifiée est typique de la topographie romaine, avec deux voies qui s’entrecroisent. Le  Cardo traverse la ville du nord au sud, et la Decomanus d’est en ouest. Ils divisent la ville en quatre  quartiers. Le palais de Dioclétien est à cheval sur la partie occidentale. Les voies aboutissent aux  quatre portes d’accès à la ville et se croisent au péristyle, une série de colonnes de granit rouge  importées d’Egypte autour d’une cour marquant le centre de la cité romaine.
Du péristyle, le visiteur doit monter quelques marches pour arriver au vestibule, l’entrée des logis de  l’empereur avec une vue imprenable sur toute la région. C’est ici que Dioclétien recevait ses invités.
Un dôme, partiellement effondré, surplombe encore cette large voûte. Un chœur masculin y accueille  aujourd’hui les visiteurs avec des chants traditionnels croates. Le bâtiment octogonal de style roman  qui jouxte le péristyle est l’ancien mausolée de l’empereur. Dioclétien a sauvagement persécuté les  chrétiens et fait assassiner l’évêque de Salona. Au Ve siècle, son mausolée a été remplacé par la  cathédrale de Split dédiée à l’évêque martyr. Le clocher a été rajouté plus tard, entre le XIIIe et le  XVIe siècle.
Autre vestige important de l’ancienne ville romaine, le temple de Jupiter converti en baptistère.
Sur les pas des Juifs de Split
Sous le régime vénitien, Split va se développer et se doter de nouvelles fortifications. Les autorités  tolèrent les Juifs pour leur sens des affaires, et des relations amicales s’établissent entre eux et la  population locale. A son apogée, la communauté juive de Split exploite une banque, et possède une  académie talmudique ainsi qu’une école élémentaire.
Daniel Rodriga, un Juif espagnol, va participer activement au développement économique de la ville.  Il veut en faire une station de transit, pour transporter par la voie maritime les produits venus  d’Orient, à destination de Venise et du reste de l’Europe. De même, les marchandises européennes  arrivées au port seront acheminées par la voie terrestre vers différentes villes de l’Est. Rodriga  réussit également à convaincre les autorités de construire un lazaret, ou station de quarantaine pour  les voyageurs maritimes. Ce sera l’un des plus importants d’Europe. Les voyageurs en provenance  de régions infestées par la peste noire devront passer 40 jours dans le lazaret avant d’être autorisés  à pénétrer à l’intérieur de la ville. Une rue de Split porte aujourd’hui son nom.
La synagogue du début du XVIe siècle est située dans l’ancienne cité romaine. L’Arche de la Torah,  en marbre noir et blanc, est encastrée dans le mur occidental de la ville. La petite synagogue est  considérée comme l’une des plus anciennes encore en activité en Europe.
La rencontre avec le chef de la communauté juive de Split est un rare privilège. Sa fille, Léa Altarac,  est un guide remarquable pour découvrir l’histoire juive du port dalmate. Le quartier tout autour de  la synagogue deviendra plus tard le ghetto, créé à la fin du XVIIIe siècle, avec le déclin de la  puissance vénitienne. On l’appelle encore le Get aujourd’hui.
Sur la colline de Marjan, qui domine le port et la vieille ville, se trouve l’un des plus vieux et plus  importants cimetières juifs d’Europe, en service depuis plus de 400 ans.
La perle de l’Adriatique
Sous contrôle italien pendant la Seconde Guerre mondiale, la synagogue a été endommagée et les  registres juifs détruits. Les enfants et les personnes âgées de la communauté, restés à Split après la  capitulation italienne en septembre 1943, sont arrêtés et envoyés dans des camps de concentration,  d’où ils ne reviendront jamais.
Sur une population de près de 300 Juifs avant-guerre, plus de la moitié périront dans les camps ou  lors des combats aux côtés des partisans. Une centaine de Juifs habitent aujourd’hui la cité portuaire  de la côte dalmate.
Dubrovnik aujourd’hui, appelée autrefois Raguse, est une cité médiévale particulièrement bien  conservée. Pendant de nombreux siècles, la « Perle de l’Adriatique » est une république fière et  indépendante. Sa position géographique favorable en fait l’un des premiers ports d’escale en route  vers l’Europe de l’est. Stratégiquement, la ville est protégée par d’énormes murailles couronnées de  tours.
D’habiles manœuvres politiques permettent au gouvernement de la cité de négocier son  indépendance avec ses voisins, qu’il s’agisse de Byzance, Venise, de la Hongrie ou de l’Empire  ottoman, selon le ou les pouvoirs dominants du moment. Initialement sous la férule vénitienne,  Dubrovnik obtient son indépendance en 1358.
Le commerce, le sel et la construction navale ont enrichi la ville. Dubrovnik, Venise et Ancône étaient  les grandes puissances maritimes de l’Adriatique il y a cinq cents ans. La république connaît son  apogée au XVIe siècle, lors du déclin de Venise. A cette époque, la marine de Dubrovnik dispose  d’une flotte de 200 navires. La République possède son propre drapeau et sa monnaie, ainsi qu’un  gouvernement dirigé par un recteur dont le mandat dure seulement un mois. En 1776, Dubrovnik est  le premier Etat à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis nouvellement créés.
Interprètes, commerçants, importateurs et médecins : les Juifs s’intègrent facilement dans  l’économie largement développée de la ville. Bien qu’ils ne soient pas autorisés à posséder des  terres ou des bâtiments, il leur est cependant permis d’acheter des navires.
En 1546, face à la croissance de la population israélite locale, le gouvernement accepte leur  installation à l’intérieur des murs de la cité. Le ghetto est créé en 1546, 200 ans avant celui de Split.Malgré leur situation prospère par rapport à d’autres villes européennes, les Juifs de Dubrovnik sont  à plusieurs reprises en butte à des persécutions. Au milieu du XVIIIe siècle, lors du déclin  économique du port dalmate, de sérieuses menaces pèsent sur leur destinée.
En octobre 1991, pendant la guerre civile, les forces yougoslaves attaquent Dubrovnik. La ville est  assiégée et bombardée pendant huit mois, mais la population locale résiste remarquablement.
Les dégâts ont été depuis en grande partie réparés. Seul souvenir de ces épreuves : les tuiles  orange vif, cadeau de la ville de Toulouse, qui ont remplacé les toitures détruites par les  bombardements.
Fontaine, je ne boirai pas de ton eau
Les murs de la ville sont la principale attraction touristique, et le point culminant de la visite. Ils  figurent parmi les systèmes de fortifications les mieux conservés d’Europe. Longs de près de 2000  mètres, ils englobent tours et bastions.
Construite à l’origine au Xe siècle, l’enceinte est fortement consolidée au XVe siècle. La vue du haut  des remparts est inoubliable.
Le fort de Saint-Laurent, situé sur un promontoire rocheux, sert de défense à l’entrée principale de  la ville, la porte Pile. Au Moyen Age, des ponts-levis, relevés la nuit, protégeaient la ville des  envahisseurs et visiteurs malvenus.
De la porte Pile, on accède à la promenade principale : le Stradun ou Placa. Au départ, un étroit  bras de mer dans la partie la plus basse de la ville, il a été comblé et transformé en une des artères  principales de la cité, bordée de boutiques et terrasses de café.
Au XVe siècle, un aqueduc est construit pour assurer l’alimentation en eau suffisante de la place  forte. L’eau conduit à une grande fontaine, magnifiquement ornée. Plus sobre, une modeste fontaine  sert les besoins de la population juive, à qui il est interdit de boire dans les différents autres points  d’eau de la ville. Ici, l’eau coule de la bouche d’un lion dans un bassin soutenu par la patte d’un  fauve. Ce n’est qu’après avoir obtenu l’égalité des droits sous Napoléon que les Juifs ont accès à  toutes les fontaines. La fontaine juive est plus tard déplacée hors les murs et trône aujourd’hui en  dehors de la porte Pile.
En raison de l’influence vénitienne, la plupart des bâtiments publics, y compris le palais du recteur,  sont un savoureux mélange d’architecture gothique et Renaissance. De nombreux palais, des  clochers, des places pavées de marbre et des monastères sont disséminés à travers la ville.
Le monastère dominicain présente de merveilleux cloîtres, avec une peinture de Saint Blaise, le saint  patron de Dubrovnik, par l’artiste vénitien le Titien, ainsi que de nombreux manuscrits et fresques.  La cathédrale de Dubrovnik existe dans sa forme actuelle depuis le XVIIIe siècle, et renferme une  magnifique Assomption de la Vierge par l’école du Titien et plusieurs reliques de Saint Blaise. Le  monastère franciscain possède l’une des plus anciennes pharmacies d’Europe, fondée en 1317 et  encore utilisée aujourd’hui. Dubrovnik compte également un lazaret, installé sur les quais du vieux  port.
Des ruelles en pente raide montent vers le Stradun. L’une d’elles porte le nom de Zudioska ulica, la  rue juive. Murée à une extrémité, la porte donnant sur la Plac
Située dans cette rue, la synagogue de Dubrovnik est, selon les dires, la plus ancienne synagogue  séfarade d’Europe encore en activité. Bâtie en 1352, elle se trouve au deuxième étage d’un  immeuble du XIVe siècle. De taille moyenne, elle suffit aux besoins de la communauté juive locale,  dont le nombre n’a jamais dépassé 300.
De style baroque elle compte trois arches, qui divisent la salle en parties avant et arrière. La bima  est sous la voûte centrale, et un lustre imposant est suspendu près de l’arche sainte. La synagogue a  été restaurée après les dommages subis lors du bombardement de la ville 1991. Le premier étage  du bâtiment abrite le musée juif, qui contient des rouleaux de la Torah datant du XIIIe au  XVIIe siècle, ainsi que des documents d’archives liés à la présence juive dans la ville. Le musée  présente également l’histoire tragique des Juifs croates pendant la Seconde Guerre mondiale. Un  cimetière juif se trouve en dehors des murs de la ville. Avant la Seconde Guerre mondiale, moins  d’une centaine de Juifs vivaient à Dubrovnik, dont plus d’un quart ont péri pendant la Shoah ou aux  côtés des partisans. Après la guerre, la plupart des survivants se sont installés en Israël.
Aujourd’hui, 20 à 30 Juifs seulement habitent la ville, pour une population totale de 42 000 habitants.  L’économie de la cité maritime repose essentiellement sur le tourisme.  u
Pour plus d’informations sur Voyages vers l’Antiquité, consultez www.voyagestoantiquity.com. Pour  joindre la guide Lea Altarac et visiter les sites juifs de Split, adressez-vous à lea.altarac@gmail.com
L’auteur, professeur émérite de médecine, est un écrivain et conférencier sur des sujets comme la  médecine, la musique, l’art, l’histoire et les voyages (www.irvingspitz.com). Il vient de recevoir le  Sidney H. Ingbar Distinguished Service Award de la Société d’endocrinologie pour sa contribution  dans ce domaine. L’album-photo de ce voyage peut être visionné sur www.pbase.com/irvspitz  courriel : irving@spitz.com