Appel aux électeurs

Un total de 5,1 millions d’Israéliens vivant en Israël sont admissibles à voter pour la 19e Knesset le 22 janvier. Beaucoup n'exerceront pas ce droit.

Habayit Hayehudi votes in primaries 300 (photo credit: Lahav Harkov)
Habayit Hayehudi votes in primaries 300
(photo credit: Lahav Harkov)
Le taux de participationen Israël par rapport aux Etats-Unis ou en Suisse est élevé, mais toujoursinférieur à celui de nombreux pays européens comme l’Italie, où le vote étaitautrefois obligatoire, la Belgique, où il l’est encore, l’Allemagne, lesPays-Bas et la Scandinavie. Cette dernière décennie a enregistré une diminutioninquiétante de la participation électorale, d’environ 80 % en 1996 à 65 % lorsdes dernières élections. Un faible taux de participation est souvent lerésultat d’un espoir déçu, ou tout simplement d’une indifférence. Pour lesociologue Robert Putnam, la télévision pourrait être la cause d’une baisse del’engagement civil, illustré par un faible taux de vote. Dans les années 1950et 1960, regarder le petit écran est rapidement devenu la principale activitédes pays développés. En Israël, les multi-chaînes ont fait leur apparition dansles années 1990. La télévision a remplacé les différents divertissementssociaux, tels que les clubs de bridge, les groupes cultuels ou des clubs debowling. Putnam expose dans son livre, Bowling Alone : The Collapse and Revivalof American Community (Jouer au bowling seul, chute et renaissance de lasociété américaine, non traduit en français), que les gens se sont peu à peuretirés dans leurs maisons et que la participation sociale a globalementdiminué, tout comme le taux de vote. Le meilleur remède à ce phénomène décritpar Putnam est de sortir et de s’impliquer davantage. Le Jerusalem Post, l’AACIet la Grande Synagogue de Jérusalem ont récemment organisé une série de débatsen ce sens. Prendre part à ces rencontres - à Netanya, Tel-Aviv, Raanana etJérusalem - peut contribuer à renforcer le sentiment de devoir civique et lamotivation de se rendre aux urnes. 
A quoi bon ? 
Un autre facteur contribuant àune faible participation : le sentiment chez le citoyen que son vote n’aura pasd’impact réel. Amnon Rubinstein et Adam Wolfson, dans leur livre Absence ofGovernment: How to Rectify the System (L’absence de gouvernance : Commentrectifier le système) ont averti que le fort pourcentage de décisionsgouvernementales non appliquées peut créer une indifférence chez les citoyens.Si le gouvernement n’est pas capable de donner suite aux décisions qu’il prend,pourquoi prendre la peine de voter ? Selon une étude réalisée en 2005 par DoronNavot et Rehes Eli, 70 % des décisions du gouvernement israélien - allant deslogements publics à la privatisation des ports maritimes, des réformes deCompagnie d’électricité israélienne à la construction d’un tramway à Tel-Aviv -sont restées lettre morte. Le dernier facteur contribuant à la faibleparticipation électorale relève d’une piètre opinion des hommes politiques.Tout récemment, Youval Diskin, ancien chef du Shin Bet, a par inadvertanceexprimé publiquement ce sentiment quand il s’est plaint de la « crise duleadership. » Selon le chroniqueur de Sof Hashavoua et du Jerusalem Post BenCaspit, au cours d’une réunion à huis clos avec des amis, Diskin a défendu levote blanc en signe de protestation. «Le vote blanc m’apparaît de plus en pluscomme une bonne option, qui pourrait être une forte déclaration, si beaucoup degens le choisissait,» a-t-il déclaré. «Nous devons trouver un moyen d’effectuerun profond changement dans notre pays.» Avec la coalition de droite du Premierministre Binyamin Netanyahou en tête dans tous les sondages, la plupart despartisans de la gauche ou centre-gauche ont sombré dans le désespoir et renoncéà la possibilité d’un changement politique, alors que beaucoup à droite ou aucentre-droite de l’échiquier chérissent l’idée que le gouvernement actuelpoursuive son mandat. En conséquence, il existe un réel danger que le taux departicipation soit encore plus faible que les années précédentes, lorsque laconcurrence était étroite et que les électeurs sentaient que leur vote feraitla différence. Ne pas voter dénote un manque d’appréciation de ce cadeau quiest la démocratie. Le fondement même de tout le processus démocratique est ledroit de vote. Les électeurs ont l’obligation civique de s’informer sur lesenjeux et les programmes des partis en lice pour la Knesset. Aucune démocratien’est parfaite. Il existe des bons et des mauvais politiciens partout. Mais nepas prendre la peine de se rendre aux urnes ou voter blanc ne fait qu’octroyerplus de pouvoir aux autres. En moyenne, ces voix non utilisées ont un potentielde 15 sièges à la Knesset. Ce potentiel ne doit pas être gaspillé sous couvertd’indifférence ou de pessimisme.